Suite au décès d’un patient dimanche dernier faute de place en réanimation dans un hôpital, la ministre « dénonce une exploitation politicienne qui pourrait provoquer de l’angoisse. Un procès politicien » qualifiant les syndicats « d’indignes » .
Comment parler d’exploitation de la situation alors que c’est le problème que soulèvent les urgentistes en grève depuis début décembre pour dénoncer le manque de moyens dans les hôpitaux. « Ce que nous disions début décembre, à savoir que la sécurité des patients n’est plus assurée dans les hôpitaux, s’avère malheureusement exacte », commente, affligé, Patrick Pelloux, président de l’AMUF (Association des médecins urgentistes). Cela fait en effet des semaines que les urgentistes alertent quotidiennement sur la saturation des services d’urgence en Île-de-France et le manque de place en réanimation. « Alors qu’on est en période de fête, aucune mesure concrète n’a été prise », déplore l’urgentiste.
Autre exemple cité, lundi matin à 3 heures, un patient a dû attendre plusieurs heures une place de réanimation. Et dans le Nord, cela fait dix jours que les urgences de Lille et des environs transfèrent deux ou trois patients par jour en Belgique pour cause de saturation !!!
Régis Garrigue, médecin urgentiste à Lille et secrétaire général adjoint de l’AMUF déclare quant à lui, « il va bien falloir entendre la réalité des urgentistes ». Il n’exclut pas d’appeler les Français à descendre dans la rue. « Notre devoir est de prévenir que leur santé est en danger. »
Pendant ce temps, la ministre de la Santé indique que ce n’était pas un problème de moyens, faisant état de la disponibilité de 11 lits de réanimation dans les hôpitaux de la région au moment des faits. 11 lits pour un territoire de près de 6 millions d’habitants ! Pas de quoi être rassuré, puisque dans la pratique, « les hôpitaux réservent souvent une place pour leurs propres patients, en cas de problème », admettra le professeur Fagon, directeur de la politique médicale de l’Assistance publique - Hôpitaux de Paris. Sur les 10 hôpitaux où des places libres furent recensées ce soir-là, 9 ne disposaient que d’un seul lit vacant et le dixième de deux.
Voilà où mène votre politique Mme Bachelot, à l’étranglement financier, à la fermeture de lits et de services, aux restructurations à marche forcée, à la dégradation des conditions de travail de tous les professionnels… Ce ne sont pas les syndicats qui sont indignes, mais votre politique.