Fin novembre, le collectif "Vive la Gauche 79" a organisé à Niort une réunion- débat publique "anti-austérité" avec les députées PS Suzanne Tallard de Charente-Maritime, Delphine Batho et Geneviève Gaillard des Deux-Sèvres et le président PS du CG79 Eric Gautier.
Ce collectif qui s'est constitué nationalement au printemps 2014, suite à l'appel d'une centaine de députés PS "rebelles", demandait une revalorisation du travail des parlementaires. Il faisait des propositions économiques et sociales « pour plus d’emplois et de justice sociale ». Lors de l'université du PS à la Rochelle, il deviendra l'appel pour que "Vive la Gauche".
Face à la trahison ressentie par une majorité de ceux qui ont permis l'élection de Hollande en 2012, plusieurs courants socialistes ou proches appellent depuis quelques temps à un rassemblement autour d'eux pour construire une alternative. Mais cette alternative, le Front de Gauche l'avait proposé dans son programme de 2012, et dès le 5 mai 2013, face à la dérive droitière du gouvernement, il avait organisé une marche citoyenne contre la finance et l'austérité. Aujourd'hui, j'ai du mal à croire que ce sera autour de ceux qui ont soutenu ou soutiennent encore les acteurs de cette politique d'austérité, que pourra se construire l'alternative. Car pour cela, il faut un minimum de cohérence. Je ne la retrouve pas en ce qui concerne la députée de Niort dans le texte qu'elle a rendu public.
Je vous invite à lire son intervention à cette réunion-débat qu'elle a publiée sur le site "Rezo Citoyen". J'ai relevé ici 4 phrases sur les 21 de sa tirade :
« Nous avons aussi en commun d’avoir compris, chacun à notre rythme que nos attentes, celles des Français, s’évanouissaient au fil des mois,
Nous avons tous les quatre déchanté avec la mise en place d’une politique économique qui est plus une politique de droite qu’une politique de gauche (CICE, pacte de responsabilité),
Nous avons été stupéfaits de la nomination de Jouyet, de Toubon, de Manuel Valls, comme nous avons été scotchés par le comportement de notre Président tant dans la gestion de ses affaires personnelles que dans la gestion des affaires de notre pays qui ressemble à s’y méprendre à un cours de tango. Bref, nous sommes ici tous les quatre pour vous témoigner de notre profonde déception au regard de la politique actuellement suivie mais aussi de l’espoir qui nous anime. »
Je souscris à ces propos, mais je me demande comment elle a pu les tenir. Ne se souviendrait-elle pas de ses votes à l'Assemblée Nationale ?
Vote pour du groupe socialiste sur : scrutin public de décembre 2012 du projet de loi de finances rectificative pour 2012 (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) et modification de certains taux de TVA pour financer le CICE.
Vote pour l'ANI en avril 2013 : Geneviève Gaillard vote pour l'accord national interprofessionnel. L'inspecteur du travail Gérard Filoche, membre du bureau national du PS, a dit tout le bien qu'il pensait de ce texte. « On en arrive à une des lois les plus mal votées de l’histoire de la Ve République. Elle ne créera aucun emploi, ne supprimera aucun précaire. »
Vote pour le pacte de responsabilité en avril 2014.
Vote pour la proposition de loi organique relative à la nomination des dirigeants de la SNCF et du projet de loi portant réforme ferroviaire en juin 2014.
Cette loi si décriée par les cheminots, qui met en place deux établissements publics chapeautés par un troisième, a entraîné un long mouvement de grève. De plus la loi organique fait qu'aujourd'hui, Frédéric St Geours, président de l'UIMM et membre du conseil exécutif du Medef se retrouve président du conseil de surveillance de la nouvelle SNCF. Cela ne va certainement pas servir le service public.
Vote en Octobre 2014 pour le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2015. C'est 800 millions d’euros en moins chaque année pour les familles.
Vote pour la déclaration de politique générale du Gouvernement de M. Manuel Valls en septembre 2014.
Il y a les paroles et les actes. Comment se dire stupéfait de la nomination de Manuel Valls et lui avoir voté la confiance ? Comment croire cet appel à « construire ensemble une alternative à l’austérité » après avoir voté les mesures d'austérité ?
Je préfère juger sur les actes que sur les discours.
cf. site de l'Assemblée Nationale pour les