En début de semaine, en sortant de chez lui, un habitant de Niort (79) trouve un tract par terre à caractère clairement raciste, mais bien sûr anonyme. Voir article de metronews.
Les termes de ce tract tombent clairement sous le coup de la loi qui réprime les injures à caractère raciste. Il se rend donc au commissariat pour déposer plainte. Mais surprise quand la fonctionnaire de police lui demande pourquoi il veut porter plainte puisque "en tant que blanc, il n'est pas visé par le tract". Antoine L. appelle alors la Halde (Haute Autorité de Lutte contre les Discriminations et pour l'Égalité) qui lui recommande d'insister et de porter plainte contre X pour xénophobie, ce qu'il fera comme en témoigne le document que lui remet la police.
Il n'est pas certain que l'enquête de police puisse permettre l'identification du coupable. Antoine L. n'y croit pas : "Je suis allé voir si le tract était affiché sur la devanture de certains magasins de la rue Basse mais je n'ai rien trouvé. Je pense qu'on se dirige vers un classement sans suite". Mais si Antoine L. a tenu à déposer plainte, c'est parce que " les propos de ce tract sont inadmissibles et réprimés par le Code pénal. Je ne voulais pas laisser passer et j'ai agi en citoyen."
Par contre, informé par Antoine L, le quotidien local La Nouvelle République du Centre Ouest n'en dira pas un mot. Le journal a adressé le tweet ci-dessous.
Mais est-ce que pour un journal, dénoncer un acte xénophobe c'est faire de la publicité à l'auteur comme l'indique le tweet ? Pour ma part je ne le pense pas. Car il est parfois des silences qui tendent à banaliser sans se démarquer.
Fut-il isolé, cet acte méritait d'être dénoncé comme l'a fait ce Niortais.
Le jugement prononcé le 12 janvier dernier à l'encontre de 8 syndicalistes de Goodyear était extrêmement lourd et inédit dans les annales du droit français sous la Ve République. Jamais en effet des salariés qui se battent pour sauver leur emploi et leur outil de travail n'avaient été condamnés à une peine de prison ferme, tout au plus à du sursis ou des amendes. Ce jugement est d’autant plus insupportable qu’il intervient alors même que le procès s’est déroulé le 24 novembre dernier sans plaignant. Goodyear avait en effet retiré sa plainte en application de l'accord de fin de conflit signé avec les syndicats, fin janvier 2014, de même que les deux cadres concernés.
C'est pourquoi le 4 février se sont tenus dans 80 lieux en France, des rassemblements de soutien aux huit de Goodyear pour exiger leur relaxe. Ce sont des syndicalistes, pas des voyous.
Dans une plaquette distribuée dans les boîtes à lettres à l'occasion des élections municipales de mars 2014, le candidat Baloge listait, explications à l'appui, 20 priorités titrées « MES ENGAGEMENTS POUR NIORT ».
Parmi ceux-ci, on y trouve « La gratuité des bus pour tous ». Voir encadré ci-dessous.
Cette mesure n'est pas encore entrée en vigueur. On aurait pu s'attendre à la voir appliquée à l'occasion des pics de pollution aux particules fines qui touchent Niort. C'est ce qui s'applique dans certaines villes à l'occasion de cet épisode de pollution exceptionnel.
Mais pour Niort, la gratuité n'est que dans les conseils. Dans une information datée du 23 mars sur le site d'information de la Ville de Niort, on peut lire « On enregistre actuellement sur Niort et sa région une forte concentration de particules fines en suspension PM10 due à des conditions météorologiques stables. » Et parmi les conseils, « Chacun peut agir pour contribuer à limiter cette pollution : éviter d'utiliser son véhicule personnel ou, du moins, réduire sa vitesse, pratiquer le covoiturage, et privilégier les transports en commun, le vélo, la marche à pied. ».
« Les promesses n'engagent que ceux qui y croient ». C'est peut-être ce que va bientôt nous expliquer Jérôme Baloge ? En tant que président de la communauté d'agglomération, il avait pourtant fait appliquer la gratuité des transports en commun les trois samedis précédant Noël, alors pourquoi ne pas l'appliquer dans le moment présent ? La santé du commerce vaut-elle plus que la santé des citoyens ? Il écrivait dans la même plaquette vouloir faire prévaloir l'intérêt général. L'occasion était pourtant belle de le démontrer dans le cas présent.
A Niort, la précédente municipalité avait réussi à faire venir dans la ville un Centre national des arts de la rue (CNAR). Il n'existe en France qu'une douzaine d’institution de ce type. Mais des inquiétudes se font jour sur son devenir après 5 années de fonctionnement. Le changement de majorité municipale a déjà entraîné la diminution de la dotation à cette structure. Le maire de droite considère que la ville n'a pas les moyens d'avoir quatre institutions culturelles avec un label national. Un rendez-vous est prévu qui pourrait sceller le sort de cette structure. La CGT spectacle Poitou-Charentes a bien sûr réagi.
« Nous nous opposons à la fermeture du Cnar et à la possible mise en concurrence des différents établissements culturels du territoire. On ne combat pas l'obscurantisme en fermant un lieu de culture et on ne défend pas la liberté d'expression en fermant un lieu lui permettant d'exister. Nous nous opposons aux reculs des services publics dans tous les domaines et appelons à la cohérence politique de la majorité municipale après son positionnement face aux tragiques évènements de la semaine dernière. C'est de politiques publiques ambitieuses en matière de culture et d'éducation dont nous avons besoin, non de caméras coûteuses attisant les divisions. Nous restons mobilisés pour défendre les salariés et nos lieux de travail ! »
Les rassemblements et marches citoyennes de ce week-end avaient pour symbole les mots clés « Je suis Charlie », dans une mobilisation du « tous ensemble » contre le terrorisme et pour la liberté d'expression.
Quant à la polémique concernant la participation du FN à ces marches républicaines, celui-ci s'est lui-même mis en marge. L'attitude de leur président d'honneur (?!?) qui en pleine prise d'otage avait tweeté un portrait en noir et blanc de sa fille, sourire aux lèvres, avec apposé le slogan "Keep calm and vote Le Pen" (restez calmes et votez Le Pen) était déjà très choquante. Mais il a poursuivi en lançant samedi un « Je ne suis pas Charlie ».
C'est la même attitude qu'a adopté Jean-Romée Charbonneau, le chef de file du FN dans le département des Deux-Sèvres. A l'occasion d'une conférence de presse (NR du 12 janvier) sur les prochaines élections départementales, il en a profité pour donner son point de vue sur ces rassemblements déclarant « Moi, je ne suis pas Charlie. Je ne suis pas concerné par le rassemblement de Niort qui était une sous-manifestation d'une manifestation nationale qui a prononcé l'exclusion du Front national ». Et d'ajouter que l'Etat aurait dû « rappeler à l'ordre ce journal comme on rappelle à l'ordre les automobilistes qui franchissent la ligne blanche ».
Rappeler à l'ordre ? Avec une telle conception de la liberté d'expression, il s'excluait lui-même de ces rassemblements qui défendaient justement cette liberté d'expression. Certains voudraient nous faire croire que le FN a changé ...
Fin novembre, le collectif "Vive la Gauche 79" a organisé à Niort une réunion- débat publique "anti-austérité" avec les députées PS Suzanne Tallard de Charente-Maritime, Delphine Batho et Geneviève Gaillard des Deux-Sèvres et le président PS du CG79 Eric Gautier.
Ce collectif qui s'est constitué nationalement au printemps 2014, suite à l'appel d'une centaine de députés PS "rebelles", demandait une revalorisation du travail des parlementaires. Il faisait des propositions économiques et sociales « pour plus d’emplois et de justice sociale ». Lors de l'université du PS à la Rochelle, il deviendra l'appel pour que "Vive la Gauche".
Face à la trahison ressentie par une majorité de ceux qui ont permis l'élection de Hollande en 2012, plusieurs courants socialistes ou proches appellent depuis quelques temps à un rassemblement autour d'eux pour construire une alternative. Mais cette alternative, le Front de Gauche l'avait proposé dans son programme de 2012, et dès le 5 mai 2013, face à la dérive droitière du gouvernement, il avait organisé une marche citoyenne contre la finance et l'austérité. Aujourd'hui, j'ai du mal à croire que ce sera autour de ceux qui ont soutenu ou soutiennent encore les acteurs de cette politique d'austérité, que pourra se construire l'alternative. Car pour cela, il faut un minimum de cohérence. Je ne la retrouve pas en ce qui concerne la députée de Niort dans le texte qu'elle a rendu public.
Je vous invite à lire son intervention à cette réunion-débat qu'elle a publiée sur le site "Rezo Citoyen". J'ai relevé ici 4 phrases sur les 21 de sa tirade :
« Nous avons aussi en commun d’avoir compris, chacun à notre rythme que nos attentes, celles des Français, s’évanouissaient au fil des mois,
Nous avons tous les quatre déchanté avec la mise en place d’une politique économique qui est plus une politique de droite qu’une politique de gauche (CICE, pacte de responsabilité),
Nous avons été stupéfaits de la nomination de Jouyet, de Toubon, de Manuel Valls, comme nous avons été scotchés par le comportement de notre Président tant dans la gestion de ses affaires personnelles que dans la gestion des affaires de notre pays qui ressemble à s’y méprendre à un cours de tango. Bref, nous sommes ici tous les quatre pour vous témoigner de notre profonde déception au regard de la politique actuellement suivie mais aussi de l’espoir qui nous anime. »
Je souscris à ces propos, mais je me demande comment elle a pu les tenir. Ne se souviendrait-elle pas de ses votes à l'Assemblée Nationale ?
Vote pour du groupe socialiste sur : scrutin public de décembre 2012 du projet de loi de finances rectificative pour 2012 (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) et modification de certains taux de TVA pour financer le CICE.
Vote pour l'ANI en avril 2013 : Geneviève Gaillard vote pour l'accord national interprofessionnel. L'inspecteur du travail Gérard Filoche, membre du bureau national du PS, a dit tout le bien qu'il pensait de ce texte. « On en arrive à une des lois les plus mal votées de l’histoire de la Ve République. Elle ne créera aucun emploi, ne supprimera aucun précaire. »
Vote pour le pacte de responsabilité en avril 2014.
Vote pour la proposition de loi organique relative à la nomination des dirigeants de la SNCF et du projet de loi portant réforme ferroviaire en juin 2014.
Cette loi si décriée par les cheminots, qui met en place deux établissements publics chapeautés par un troisième, a entraîné un long mouvement de grève. De plus la loi organique fait qu'aujourd'hui, Frédéric St Geours, président de l'UIMM et membre du conseil exécutif du Medef se retrouve président du conseil de surveillance de la nouvelle SNCF. Cela ne va certainement pas servir le service public.
Vote en Octobre 2014 pour le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2015. C'est 800 millions d’euros en moins chaque année pour les familles.
Vote pour la déclaration de politique générale du Gouvernement de M. Manuel Valls en septembre 2014.
Il y a les paroles et les actes. Comment se dire stupéfait de la nomination de Manuel Valls et lui avoir voté la confiance ? Comment croire cet appel à « construire ensemble une alternative à l’austérité » après avoir voté les mesures d'austérité ?
Je préfère juger sur les actes que sur les discours.
cf. site de l'Assemblée Nationale pour les
Il y a quelques jours, à Vausseroux, petite commune des Deux-Sèvres, un homme de 40 ans est décédé et son épouse et leurs quatre enfants ont été hospitalisés, tous victimes d'une intoxication au monoxyde de carbone.
Selon ce qui est rapporté dans le quotidien local la Nouvelle République, c'est l'utilisation d'un groupe électrogène dans la maison qui est la cause des émanations de monoxyde. Mais l'utilisation de ce groupe électrogène était liée au fait que cette famille était privée d'électricité depuis le mois d'août, suite à une décision de coupure prise par le fournisseur Séolis après le non-paiement de deux factures.
Le maire de la commune vient d'adresser un courrier aux responsables de l'entreprise de distribution où il dit : « Je suis frustré de ne pas avoir été avisé par vos services de cette coupure. Vous dites m'avoir averti par mail le 18 juillet, or il s'avère que l'adresse mail de notre mairie n'est pas celle qu'avait votre responsable. […] Devant l'importance que revêt la conséquence d'une coupure d'électricité, je ne comprends vraiment pas que vous n'exigez pas au minimum une confirmation de lecture de vos mails. Personnellement, je demande à être avisé par un courrier de ces avis de coupures. Si vous en décidez autrement, ce qui est votre droit, je prendrai acte que votre logique est plus économique qu'humaine. »
Fin 2011, les députés communistes faisaient une proposition de loi pour interdire de couper l’électricité à toute personne connaissant des difficultés économiques et sociales, soulignant que la plupart des personnes ne payant pas leurs factures énergétiques sont de bonne foi. La politique de bas salaires, la hausse continue des loyers et des prix à la consommation contraignent de nombreuses familles à choisir entre le paiement des courses, du loyer, ou des factures d’eau et d’électricité. Aussi, il est injuste de les faire passer pour fraudeurs malintentionnés et de leur rendre la vie impossible en leur coupant l’électricité. Mais si une loi a été votée, l'interdiction n 'est applicable que pour la période hivernale, du 1er novembre de chaque année au 15 mars de l’année suivante.
Ce drame pouvait être évité, car c'est bien la coupure d'électricité qui est la cause première du décès. En novembre 2011, à Orléans, un chômeur de cinquante-quatre ans auquel on venait tout juste de couper l’électricité, avait péri dans l’incendie de son appartement. La France compte plus de trois millions de foyers en difficulté énergétique. Mais, souvent par méconnaissance des procédures, une partie des aides financières existantes n’est pas utilisée. Ce drame est une nouvelle preuve que la logique de notre société est malheureusement plus économique qu'humaine.
Cela doit nous interpeller !
Dans notre société, le pouvoir est capable de faire des milliards de cadeaux au patronat sans contrepartie pour les emplois, d'exonérer de cotisations sociales (et non pas de "charges" patronales comme ceux-ci aiment le dire) les entreprises, de toucher à l'universalité des allocations familiales ou de supprimer la part des cotisations familiales versées par les entreprises, mais il n'est pas capable de permettre à chaque citoyen de bénéficier d'un travail et d'un toit. Pire, il en permet l'expulsion.
C'est ce qui est arrivé à une jeune locataire d'Habitat Sud Deux-Sèvres. Cette jeune femme au chômage avec un enfant avait des loyers impayés. Elle avait récemment entrepris des démarches pour trouver des solutions à son endettement. Toujours est-il que jeudi dernier, elle quitte son logement le matin pour conduire son fils de 6 ans à l'école, et à son retour, c'est une situation scandaleuse qui se présente à ses yeux. La serrure de son appartement a été changée, un avis d'huissiers de justice placardé sur la porte, avec en gros la mention « Défense de pénétrer sous peine de poursuites pénales » avec dessous le nom de l'occupante expulsée. Quelle violence ! Quel mépris pour ces personnes dans la précarité qu'on jette à la rue avant le 1er novembre parce qu'avec la période hivernale, les expulsions seront ensuite momentanément interdites. Ces personnes qui ont déjà la tête sous l'eau, on ne fait que leur enfoncer un peu plus. Eh oui, cette société n'a aucun scrupule à mettre à la rue une maman avec son fils de 6 ans.
Par contre, un Thévenoud qui ne payait ni ne faisait sa déclaration de revenus siège toujours à l'Assemblée Nationale. Et le Canard Enchaîné révèle aujourd'hui qu'une soixantaine de députés et de sénateurs seraient potentiellement « en délicatesse avec le fisc ». Et que dire de la fraude aux cotisations sociales des employeurs qui atteind près de 25 milliards. Mais pour les pauvres, pas de sentiments !
Une trentaine de personnes dont des résidents et des militants du Front de Gauche sont venus apporter leur soutien à cette jeune femme à qui le bailleur à ouvert mardi l'appartement pour quelques heures afin qu'elle puisse récupérer ses vêtements et autres affaires personnelles.
Il est clair que la défense des plus fragiles n'est pas une préoccupation du gouvernement. Mais nous citoyens ne devons pas accepter l'idée qui voudrait nous faire croire que les plus précaires et les plus pauvres sont responsables de leur situation. "Chacun a le devoir de travailler et le droit d’obtenir un emploi", ce droit est inscrit dans notre constitution. S'il était mis en oeuvre, les familles connaîtraient déjà un peu moins de difficultés.
Ci-dessous, l'article paru dans le quotidien local le Courrier de l'Ouest. Par contre, pas une ligne dans l'autre quotidien la Nouvelle République.
De deux choses l'une, ou bien leur mouvement n'est pas au courant des renoncements du PS par rapport aux promesses de campagne de François Hollande en 2012, ou bien c'est du cynisme en considérant que le changement, c'est ce virage libéral pris par Hollande et le gouvernement Valls.
En effet, la photo ci-dessous, je l'ai prise à Niort hier après-midi. Il faut oser placarder une affiche dont le slogan est « Donnez de la force au changement » à la fin de la semaine où le gouvernement annonce qu'il veut légaliser le travail du dimanche, revenir sur les 35 heures, s'attaquer à des prestations sociales, et alors qu'il stigmatise les précaires quand jamais autant de cadeaux n'auront été faits au patronat sans contrepartie concernant les emplois.
Alors, ignorance, cynisme, ou peut-être que pour s'afficher les jeunes ont fait les fonds de placard ? A quand l'affiche de la période Mitterrand " Le Socialisme une idée qui fait son chemin " ?