14 avril 2022
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Élection présidentielle du 10 avril 2022 : Plus de 12 millions de citoyens ne sont pas allés voter, 43% des moins de 34 ans ont boudé les urnes. Quant au total des voix de gauche, il plafonne à 32%, loin de pouvoir envisager un succès au second tour. Cela doit TOUS nous interroger et nous amener à réfléchir, plutôt que de lancer des invectives à des électeurs qui ont choisi un vote de conviction.
Face à cette situation, la réflexion menée par @MickaëlWilmart est intéressante.
« Je comprends la colère et la frustration (qui d'ailleurs ne concernent pas qu'un seul parti). Je crois qu'il faut aussi historiciser les résultats d'hier en regardant l'évolution du bloc de gauche depuis 1981 (j'ai pris en compte ici un bloc large allant de LO au PS).
Total des voix de gauche aux différents scrutins :
1981 : 50.7 %
1988 : 49,11 %
1995 : 40,56 %
2002 : 42,89 %
2007 : 37,44 %
2012 : 43,75 %
2017 : 27,67 %
2022 : 31,92 %
On voit nettement l'effritement de la gauche au fil des scrutins, l'élection de Hollande apparaissant comme un soubresaut (qui s'avéra fatal).
Malgré tout, on peut en conclure qu'en dessous de 43 %, point de salut et le résultat d'hier en est loin. Et cette responsabilité est générale : la gauche en général ne rencontre plus l'écho nécessaire à son accession au pouvoir.
La faute à la division ? Regardons un peu le nombre de candidats du bloc gauche large à chaque scrutin :
1981 : 6
1988 : 6
1995 : 4
2002 : 8
2007 : 7
2012 : 5
2017 : 4 (5 si on voulait compter le hold-up Macron)
2022 : 6
Conclusion : c'est quand il y a le moins de candidats de gauche que la gauche perd le pouvoir. Donc, ce n'est pas la division qui fait perdre la gauche, c'est le fait que les candidats n'arrivent pas à capitaliser suffisamment sur leur nom.
En 1981, le PC est à 15 % et n'empêche pas Mitterrand de se qualifier. En 2012, Mélenchon est à 11 % et n'empêche pas Hollande de se qualifier. La gauche est viable dans sa diversité, à condition de rencontrer chacun son électorat.
Indéniablement, l'électorat a glissé vers le centre (droit) et l'extrême-droite. Contrairement à ce qu'on pourrait penser, Mélenchon n'a pas fait qu'attirer à lui le vote utile de la gauche. A la lecture des sondages, sa dynamique correspond à un gonflement du bloc de gauche.
S'il était constant chez Ipsos, autour de 28 %, les autres instituts constataient une dynamique passant de 25 % à 28 % qui s'est finie à 31. Ce n'est pas en prenant 1 point à Jadot et 1 autre à Roussel qu'il a atteint ce score.
De fait, les électeurs de gauche qui n'ont pas voté JLM (et j'en suis, merci de ne pas sortir les insultes) n'ont tout simplement pas été convaincus (et perso, je ne pense pas que JLM soit pro-Poutine ou je ne sais quoi, mais c'est un mélange de désaccord et de scepticisme)
JLM a bien su capitaliser sur les colères (sociale, écologique, etc) et c'est un rôle essentiel d'une partie de la gauche à chaque élection. Le problème à régler maintenant, c'est de retrouver un niveau du bloc de gauche au dessus de 40 %, seul moteur d'une possible victoire.
Pour ça, il va falloir que tout le monde bosse vraiment : on n'en est plus à une question de stratégie (qui reste une illusion), mais bien de fonds (et de fonds au pluriel car le bloc de gauche est divers). Il faut créer les conditions d'une symbiose des électorats de gauche. »