« Le gouvernement fait ce qu’il faut et va dans la bonne direction. Pour une fois, reconnaissons-le ! » Ces propos étaient tenus par Pierre Gattaz en août 2014, et confirmés par le numéro deux du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux : « Le cap politique qu’a choisi François Hollande est le bon, et nous on pense qu’il faut aller plus vite et plus fort ». Suite au résultat désastreux des élections départementales le gouvernement dirigé par Manuel Valls ne veut pas faire mentir les dirigeants patronaux et entend poursuivre la même politique, celle adoptée en force à l'Assemblée Nationale grâce à l’article 49.3 sur la loi Macron. Ce texte est fondamentalement idéologique et touche de nombreux aspects du droit du travail et des domaines économiques. Voici quelques unes des grandes lignes : plus de facilités pour licencier, banalisation du travail le dimanche et du travail de nuit et risque d'extension à d’autres secteurs que le commerce, possibilité pour le patron de déroger au Code du travail, mise à mort des conseils des prud’hommes et de la médecine du travail, affaiblissement de l’inspection du travail, affaiblissement des instances représentatives du personnel.
Est-ce cela qu'attendaient les électeurs de gauche en portant au pouvoir Hollande en 2012 ? Assurément non ! Et ceux qui attribuent la défaite de la « gauche » à la désunion, se sont-ils un instant posés la question de la trahison du pouvoir en place et du refus des électeurs d'accorder une nouvelle fois leur confiance à leurs candidats, quelles que soit le type d 'élection.
Le gouvernement multiplie les gestes en direction du Medef, tout en donnant sans cesse des coups de plus en plus rudes contre le droit du travail. Et comme si cela ne suffisait pas, le gouvernement s'obstine à poursuivre le même cap et va même jusqu'à rendre responsable les salariés du taux de chômage en France. C'est ce qu'a fait le sinistre Macron en début de mois devant les étudiants d’une grande école de Berlin. « La France n’a pas réformé ces dix dernières années. Nos entreprises perdent des parts de marché, leurs marges sont trop faibles, nos gains de productivité trop lents. Le fait que la France soit l’un des pays qui protège le plus ses travailleurs est l’une des explications de son taux de chômage à 10 % . Protéger des salariés peut aussi tuer des opportunités pour les autres. Il faut accélérer les réformes parce que les Français veulent des jobs et une vie meilleure. ».
Quant aux promesses de Gattaz avec son pin's « 1 million d'emplois » épinglé à son revers, les français attendent toujours, malgré les aides publiques allouées sans conditions. Et comme l'écrit Laurent Mauduit dans Mediapart, « Faire une première loi pour apporter 42 milliards d’euros aux entreprises ; et puis en faire une autre, pour leur apporter encore 2,5 milliards de plus : tout cela est normal ! Mais prendre des mesures pour protéger les salariés ou d’autres pour contenir la boulimie de certains grands patrons ? Vous n’y pensez pas ! »
Ne soyons pas étonnés que les électeurs de gauche n'aient aucune envie de soutenir des candidats qui se réclament d'un parti (PS) qui assume clairement sa rupture avec les intérêts populaires. Et l'attitude de Martine Aubry, un temps critique de la politique gouvernementale, et qui bat aujourd'hui en retraite, montre que la construction d'une autre alternative à gauche est nécessaire et ne peut se faire autour du PS.