Les Français préfèrent systématiquement le service public au service privé pour assurer des missions collectives, de la santé (83% pour le service public) au ramassage des ordures (62%). C'est ce qui ressort d'un sondage de IFOP Opinion.
Pourtant, les gouvernements successifs ne cessent depuis des années de détruire ces services publics. Alors, si on veut sauver nos services publics avant qu'il ne soit trop tard, il faudrait que les français le disent dans les urnes et dans la rue, et pas seulement en réponse à un sondage !
Les organisations syndicales CFDT, CFE-CGC, CFTC, CGT, FAFP, FO, FSU, Solidaires et Unsa réaffirment qu’elles ne partagent ni l’orientation, ni la méthode, ni le calendrier proposés par le gouvernement dans son document d’orientation intitulé : « Refonder le contrat social avec les agents publics. »
Les organisations ne partagent pas davantage les objectifs poursuivis par le gouvernement consistant à réduire le périmètre de l’action publique avec la perspective d’abandon, voire de privatisation, de missions publiques.
Porteuses de propositions et de revendications, elles demandent l’ouverture de discussions sur d’autres bases.
Les organisations sont attachées à une fonction publique rendant des services de qualité à tous les usagers sur l’ensemble du territoire, aux valeurs et principes d’égalité, de solidarité et de justice sociale, à la nécessité aussi de conforter les agents dans leurs rôles et dans leurs missions.
Fonctionnaires et usagers
Défendons tous le service public
Le mardi 22 mai 2018 à NIORT
Manifestation à 11 heures
Place de la Brèche
Depuis un mois, cheminots, postiers, étudiants, hospitaliers, retraités, fonctionnaires ... se mobilisent, en manifestation ou par des grèves, pour leur avenir, pour leurs droits, pour la défense des services publics. Malgré cela, Macron reste droit dans ses bottes.
"Commencer à mettre en place des grèves et des grèves perlées comme on le voit est de nature à déstabiliser des salariés qui vont travailler, une économie. Ce n'est pas une bonne solution", a déclaré dimanche Pierre Gattaz, le président du Medef.
On voit que Gattaz a choisi le même camp que le gouvernement. Rien d'étonnant. Quant à nous, choisissons le nôtre, celui des travailleurs. Renforçons la solidarité des travailleurs face aux politiques libérales. Participons à la journée de mobilisation interprofessionnelle du jeudi 19 avril 2018.
La chronique d'Audrey Vernon du vendredi 17 mars n'est pas disponible à la réécoute sur le site de France-Inter. On ne la retrouve pas non plus en pod-cast. Serait-elle dérangeante ?
Elle parlait du suicide d'un cheminot. Il était âgé de 42 ans, et « s’est jeté sous un train » gare Saint-Lazare à Paris. Le cheminot prénommé Edouard était délégué du personnel Sud-Rail. Il avait par ailleurs un statut de travailleur handicapé lié à des « problèmes psychologiques ». Selon Sud-Rail, ce cheminot aurait subi durant « plusieurs années » des attaques de la part d’ « une direction qui ne supportait pas son engagement syndical ». Selon le syndicat, « un conseil de discipline l’avait condamné à un dernier avertissement avant licenciement, avec 12 jours de mise à pied et à un déplacement disciplinaire pour avoir eu un "regard menaçant" envers son directeur » précise le syndicat.
A la suite de la page France-Inter indiquant l'indisponibilité à la réécoute, voir le verbatim de la chronique d'Audrey Vernon censurée par France Inter et reprise sur le site de Sud-Rail.
Le billet d’Audrey Vernon du 17 mars 2017
Je suis bien embêtée Eric, je pars en tournée, tout à l’heure en train… et la direction de la SNCF fait rien qu’à tuer des cheminots… ça va pas la tête…
2 la semaine dernière, un accident du travail et un suicide… Bravo, moi je vous le dis tout net, je sais pas conduire les trains alors comme ce soir je dois être à Thionville à 20h30… ce serait bien que vous fassiez un peu gaffe aux gens … Vous savez les gens c’est… Les trucs dont s’occupe la DRH.
Les dirigeants des entreprises publiques en ce moment, ils font pas gaffe aux travailleurs…
Leur objectif à la SNCF, La Poste ou l’Hopital, c’est plus de faire rouler les trains, envoyer des lettres ou soigner des gens…
Non leur objectif c’est d’être rentables comme une entreprise privée … moi je les comprends, j’adore l’argent… Et les services c’est pas rentable… C’est un truc de scouts…
Aider une vieille chinoise à la poste à remplir son recommandé, on a beau retourner le truc dans tous les sens, c’est pas rentable… (quand je dis « le truc », je parle du problème, c’est pas la vieille chinoise qu’on retourne).
Nettoyer un vieux à l’hôpital pour la troisième fois de la journée, c’est pas rentable… permettre aux gens de se déplacer, c’est définitivement pas rentable…
Du coup ils essaient de presser les travailleurs pour voir ce qui sort.. Peut être de l’or !
La semaine dernière un cheminot qui s’appelait Edouard s’est suicidé en se mettant la tête sur les rails. Il avait 42 ans… Il était syndicaliste… et harcelé par sa direction.
Il n’avait plus de poste, allait être muté et sanctionné, il avait fait un truc très grave, il avait « soutenu le regard »
Alors ses chefs messieurs Théboul, Huteau et Dérousseaux (c’est leur noms, pas une contrepèterie) l’ont convoqué en conseil de discipline.
Je savais pas qu’adulte on pouvait passer en conseil de discipline…
J’espère qu’on va pas revenir au bonnet d’âne et aux coups de règles sur les doigts
Vous allez me dire peut être qu’il abusait aussi qu’il se battait pour un jet, une piscine à bulle et un salaire de pdg…
Même pas !! Il se battait juste pour que les temps d’habillage et de déshabillage soient comptés dans le temps de travail… comme les strip teaseuses.
J’étais gare st Lazare assister au rassemblement en hommage à Edouard, là où il travaillait, là où il s’est tué, C’était beau et triste, mercredi dernier, quai numéro un, tout le monde est allé jeter une fleur sur les rails à l’endroit même où il avait posé sa tête.
Un rayon de soleil a éclairé ce matin gris, des trains sont passés, faisant hurler leurs sifflets…
Sa fille qui est infirmière en gériatrie a écrit un texte dans lequel elle dit qu’elle avait été heureuse d’avoir un papa si jeune parce qu’elle pensait pouvoir en profiter longtemps.
Je voudrais dire aux infirmières, aux cheminots et aux postiers… que Je ne sais ni conduire un train, ni faire un garrot, que je suis nulle en vélo…
C’est vous qui faites tourner le monde… s’il vous plait, continuez… arrêtez de vous suicider…
Dans les médias, les fonctionnaires sont souvent traités de nantis. Pourtant, même la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu reconnaissait en juin dernier que « la rémunération des fonctionnaires n’était pas juste », Désindexé de la hausse des prix depuis 1983, le point d'indice est gelé depuis 2010. L'arrivée de Hollande en 2012 n'a malheureusement rien changé à la situation.
Un prof gagnait 2,2 fois le SMIC en 1980, aujourd'hui son salaire en est à 1,4 fois le SMIC. Nombreux sont ceux qui jalousent les vacances des enseignants, mais beaucoup plus rares sont ceux qui leur envient leur salaire. Selon une étude d'Alternatives Economiques, les profs Français sont assez mal payés si on compare leur rémunération à celle de leurs collègues étrangers. Au niveau des pays de l'OCDE, les salaires des enseignants ont augmenté partout depuis 2000, sauf en France et en Angleterre. Pour ne rien arranger, ce salaire a diminué en valeur réelle entre 2000 et 2013.
Au niveau des pays de l'OCDE, la France occupe le 24e rang sur 36 pays. Le tableau ci-dessous indique le salaire moyen annuel des enseignants du public en primaire en 2013, après 15 ans d'expérience, en équivalent dollars (parité de pouvoir d'achat).
Les salariés de la fonction publique avaient vraiment raison d'être dans la rue aujourd'hui à l'appel des syndicats CGT, FO et Solidaires.
Qualité empêchée, souffrance au travail, perte de sens pour les salariés...
Retards, annulations de trains, accidents pour les usagers...
Tous les travers de la privatisation du rail anglais, que le réalisateur britannique Ken Loach dénonçait en 2001 dans son film The Navigators, deviennent une réalité quotidienne en France.
Il y a un an, la réforme ferroviaire votée à l’Assemblée Nationale (4 août 2014) avait été l’occasion d’une vaste campagne de manipulation de l’opinion publique orchestrée par le gouvernement de Manuel Valls, la direction de la SNCF et les médias réunis main dans la main.
Face à ce qu’on peut bien appeler une opération de propagande, les milliers de grévistes et les syndicats opposés à cette réforme ont eu bien du mal à exposer et à faire connaître leurs arguments.
Mais force est de constater que l’emploi du mot propagande ne va pas de soi pour un grand nombre de citoyens, voire de cheminots soumis régulièrement à une communication dont les moyens sont considérables. La petite musique libérale et dérégulatrice conditionne à force d’être martelée.
C’est dans ce contexte que le cabinet Emergences et le comité d’établissement régional SNCF Nord-pas-de-Calais m’ont proposé de réaliser un film qui renverse ces logiques de communication. Car les représentants syndicaux et les salariés savent de quoi ils parlent, mais ont du mal à exposer une autre parole dans un espace public cadenassé.
De cette rencontre est né le documentaire Vérités et mensonges à la SNCF qui redonne justement la parole à ceux qui se battent pour le maintien d’un réel service public ferroviaire.
Gilles Balbastre, journaliste et réalisateur
Le film accablant sur le déclin organisé de la SNCF