« La France n’est pas exemplaire en matière de droits humains, vu sa façon de traiter les étrangers et les prisonniers. » Ces propos ont été tenus par Stéphane Hessel, coauteur de la Déclaration universelle des droits de l’homme. On peut raisonnablement penser qu’il s’agit d’un avis autorisé.
Et chaque jour, de nouveaux faits viennent étayer ces propos.
Mardi dernier, la police a procédé à l’arrestation d’un père de famille accompagné de sa fillette de cinq ans et demi à la sortie d’une école maternelle à Ivry sur Seine. La maman a été obligée d’aller récupérer sa fille, en état de choc, au commissariat d’Ivry. S’en prendre à un père de famille à la sortie de l’école, et qui plus est devant sa petite fille ! Une honte ! L'école deviendrait-elle un piège pour les sans-papiers ???
Concernant les droits de l’homme, une autre situation doit nous interpeller, celle des jeunes de Tarnac. Le 11 décembre, au lendemain du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, Noël Mamère et Martine Billard (des Verts), Bernadette Bourzai, sénatrice socialiste de Corrèze, et Patrick Braouezec, député communiste de Seine-Saint-Denis, ont exprimé face à la presse et en présence des parents de deux des inculpés, leur réprobation du traitement de l’affaire. « Nous ne cherchons pas à nous immiscer dans le travail de la justice, ont-ils souligné en substance, mais il n’est pas normal d’emprisonner des gens sans preuve.»
Inculpés d’association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste, deux des jeunes arrêtés le 11 novembre dans le cadre de l’enquête sur les lignes TGV - Julien et Yldune sont toujours en prison. Sous le coup de lois d’exception renforcées depuis 2001 au nom de la lutte antiterroriste, ils pourraient y rester plusieurs mois avant qu’un procès ait lieu et subissent le traitement réservé aux détenus particulièrement surveillés. Julien n’a pu voir ses parents que cette semaine. Réveillée toutes les deux heures durant la nuit, Yldune, elle, est toujours isolée de sa famille.
Il faut que l’enquête se poursuive dans le cadre du droit commun, exigent leurs défenseurs, Jean-Pierre Dubois, de la Ligue des droits de l’homme, rappelant en guise de synthèse : « À ce jour, en vertu de la Constitution de 1789, ces jeunes sont innocents. Ou alors nous sommes tous des présumés coupables. »