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10 mars 2015 2 10 /03 /mars /2015 18:18

Quelques jours après les rassemblements du 11 janvier suite aux attentats contre Charlie et le supermarché casher de la porte de Vincennes, je publiais un billet avec ce titre de façon interrogative : Unité nationale pour Charlie ? Défense de la Liberté d'expression ? Vraiment ?

 

Je m'interrogeais en effet sur la présence d'un certain nombre de chefs d'Etats étrangers ou de leurs représentants puisque ce jour-là on défilait pour la liberté d'expression, contre la haine, symbolisées par le « Je suis Charlie ». Dans le billet je relevais quelques noms en mentionnant leurs "exploits" en matière d'atteintes aux libertés dans leur pays respectif.

 

Dans cette liste figurait le premier ministre Israélien Benjamin Netanyahou mais je n'avais pas mentionné son ministre des Affaires étrangères lui aussi présent ce jour-là. A lire ses dernières déclarations, on voit combien sa présence à lui aussi le 11 janvier était une insulte à l'élan populaire qui s'est manifesté contre la haine, pour la liberté d'expression.

 

Lors d'un meeting électoral, puisque les israéliens sont appelés aux urnes le 17 mars, il a tenu des propos extrêmement choquants à l’encontre de la population arabe israélienne. Pour lui, «ceux qui sont de notre côté méritent beaucoup, mais ceux qui sont contre nous méritent de se faire décapiter à la hache», a-t-il affirmé face à son auditoire.

 

Quelle différence avec les barbares de l'Etat islamique puisqu'il préconise les méthodes que ceux-ci utilisent ?

 

Lui aussi n'avait pas sa place le 11 janvier 2015.

 

 

 

 

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11 février 2015 3 11 /02 /février /2015 17:10

Ce titre résume les propos tenus en 2011 par Mikis Theodorakis, compositeur et homme politique, figure emblématique de la résistance à la junte des colonels. Il fut un résistant de la première heure contre l’occupation nazie et fasciste, combattant républicain lors de la guerre civile et torturé sous le régime des colonels. En 2011, il adressait une lettre ouverte aux peuples d’Europe, publié dans de nombreux journaux grecs.

 

Extraits publiés par l'Humanité le 4 novembre 2011 :

 

"Notre combat n’est pas seulement celui de la Grèce, il aspire à une Europe libre, indépendante et démocratique. Ne croyez pas vos gouvernements lorsqu’ils prétendent que votre argent sert à aider la Grèce. (…) Leurs programmes de « sauvetage de la Grèce » aident seulement les banques étrangères, celles précisément qui, par l’intermédiaire des politiciens et des gouvernements à leur solde, ont imposé le modèle politique qui a mené à la crise actuelle. Il n’y pas d’autre solution que de remplacer l’actuel modèle économique européen, conçu pour générer des dettes, et revenir à une politique de stimulation de la demande et du développement, à un protectionnisme doté d’un contrôle drastique de la Finance. Si les Etats ne s’imposent pas sur les marchés, ces derniers les engloutiront, en même temps que la démocratie et tous les acquis de la civilisation européenne. La démocratie est née à Athènes quand Solon a annulé les dettes des pauvres envers les riches. Il ne faut pas autoriser aujourd’hui les banques à détruire la démocratie européenne, à extorquer les sommes gigantesques qu’elles ont elles-mêmes générées sous forme de dettes.


Nous ne vous demandons pas de soutenir notre combat par solidarité, ni parce que notre territoire fut le berceau de Platon et Aristote, Périclès et Protagoras, des concepts de démocratie, de liberté  et d’Europe. (…)

 

Nous vous demandons de le faire dans votre propre intérêt. Si vous autorisez aujourd’hui le sacrifice des sociétés grecque, irlandaise, portugaise et espagnole sur l’autel de la dette et des banques, ce sera bientôt votre tour. Vous ne prospérerez pas au milieu des ruines des sociétés européennes. Nous avons tardé de notre côté, mais nous nous sommes réveillés. (...)


Résistez au totalitarisme des marchés qui menace de démanteler l’Europe en la transformant en Tiers-monde, qui monte les peuples européens les uns contre les autres, qui détruit notre continent en suscitant le retour du fascisme."

 

 

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7 février 2015 6 07 /02 /février /2015 07:49

On savait que l’expérience Syriza serait une leçon de choses en politique, la mise à nu, toutes technicités juridico-financières envolées, des ressorts fondamentaux de la puissance et de la souveraineté. De ses confiscations dans des institutions aussi. Nous y sommes – et encore plus vite que prévu.

 

Comme on pouvait s’y attendre également, le lieu névralgique du rapport de force se trouve à Francfort, à la Banque centrale européenne (BCE). Ce qu’aucun article des traités européens ne permet juridiquement – mettre à la porte un Etat-membre – c’est la BCE, hors de toute procédure, par une opération entièrement discrétionnaire sans aucun contrôle démocratique, qui le peut. Et qui vient d’en donner l’avant-goût, dix jours à peine après l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement malséant, porté par un mouvement populaire ayant le front de réclamer la fin de l’absurde tourment auquel le pays a été soumis par notre chère Europe, un pays en situation de crise humanitaire [1] – au cœur de l’Union européenne (UE) et, plus encore, par l’Union ! –, un pays pour lequel, après quelques autres, il faudrait maintenant songer à formaliser juridiquement l’idée de persécution économique – et nommer les persécuteurs. Là contre, le peuple grec s’est donné un gouvernement légitime, mandaté pour faire cesser cet état de persécution. Un gouvernement souverain.

 

Comme on le sait depuis longtemps, depuis le début en fait, à la question de la souveraineté, la réponse européenne est non. Saint Jean-Claude bouche d’or, qui ne loupe pas une occasion, a livré sa vision terminale de la politique : « il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens » [2]. Et le peuple grec est invité à crever la gueule ouverte, mais démocratiquement, c’est-à-dire d’après les traités.

 

Il doit être assez clair maintenant que la leçon de choses a à voir avec deux conceptions radicalement différentes de la démocratie : la démocratie comme asservissement aux traités, contre la démocratie comme souveraineté populaire. Sous la formulation alternative de « passer sous la table ou la renverser », il s’agissait bien de nommer ce point de bifurcation qui verra, selon sa résolution, l’une ou l’autre de ces conceptions l’emporter. On s’y dirige à grande vitesse et, portant au jour la vérité hors-traité des traités, la BCE vient de montrer à tous de quel bois démocratique l’Union se chauffe.

 

Le chantage de la BCE, ou la nudité du rapport de force

 

Ce que les opérations ordinaires de la politique monétaire ont usuellement pour propriété de voiler apparaît ici en pleine lumière : dans les procédures techniques du refinancement se trouve repliée toute une vision du monde et, comme toujours, c’est en situation de crise qu’elle se révèle pleinement. Couper la ligne du refinancement aux banques grecques n’admet ici aucune justification proprement monétaire. N’était-ce pas d’ailleurs par un geste souverain – car la souveraineté ne disparaît jamais complètement : elle migre – que la BCE avait décidé de détendre ses propres règles et d’admettre en collatéraux les titres de la dette grecque quoique tombés hors de la catégorie investment-grade ? C’est par un geste également souverain, mais inverse, qu’elle vient de revenir discrétionnairement sur cette facilité, manière évidente de faire savoir au gouvernement grec que, précisément, dans les dispositions qui sont les siennes, il n’est plus du tout question de lui faire la vie facile.

 

Dans une stratégie soigneusement graduée de la constriction, la BCE fait connaître sa force et ne met pas (encore) le système bancaire grec entièrement à genoux. Il reste à ce dernier une source de refinancement en la procédure exceptionnelle dite ELA (Emergency Liquidity Assistance). Mais d’une part cette procédure est plus coûteuse puisqu’elle fournit de la liquidité à un taux de 1,55 % contre… 0,05 % pour les procédures ordinaires. D’autre part l’ELA, en tant que programme « spécial », fait l’objet d’un strict contingentement en volume, de sorte que, la ligne étant susceptible à tout instant d’être brutalement coupée, le système bancaire grec, et le gouvernement derrière, sont installés dans la plus extrême précarité. Enfin, et peut-être surtout, les opérations ELA sont « déléguées » aux banques centrales nationales, en l’occurrence rejetées sur la Banque centrale de Grèce. La signification de ce mouvement de défausse est parfaitement claire, qui fait d’ailleurs écho aux orientations du QE (Quantitative Easing) récemment annoncé : il s’agit d’une stratégie de cantonnement. Désormais les titres de dette grecque ne finiront plus dans le bilan de la BCE elle-même, mais parqués dans celui de la Banque centrale grecque. L’avertissement est limpide : « n’imaginez pas une seconde que la menace à la sortie nous fera quelque effet, d’ailleurs nous sommes en train de créer les conditions pour que, à défaut de vous soumettre, vous preniez la porte avec vos propres encombrants ».

 

Nous savons donc maintenant jusqu’où va l’extrémisme libéral européen. Car Tsipras a beau en avoir considérablement rabattu, et renoncé aux annulations d’une dette pourtant insoutenable, la simple idée, à cadrage macroéconomique invariant, de réallouer la dépense publique d’une manière qui ne satisfasse pas pleinement à la conditionnalité de l’ajustement structurel est en soi une hérésie inadmissible. Certes le programme minimal d’urgence humanitaire (réaugmenter le salaire minimum et les plus basses pensions, réembaucher quelques milliers de fonctionnaires) ne pouvait se faire par simple réallocation au sein d’une enveloppe de dépense rigoureusement invariante. Certes encore, le surplus de prélèvement fiscal que Syriza a concédé devoir mettre en face est laissé à l’aléa de la capacité d’une administration fiscale extrêmement défaillante – s’il y a une seule « réforme structurelle » à conduire urgemment, c’est bien de ce côté qu’elle se trouve, tout le monde en convient, les Grecs au tout premier chef, il se pourrait même que Syriza, moins compromis que tous les autres partis dans le marécage clientéliste, soit le plus à même de la porter. Certes donc, le programme minimal appelle sans doute une extension du déficit ex ante.

 

Il n’est même pas certain que ce dernier se confirme en déficit ex post, bien au contraire. Avec un talent confirmé d’étrangleur, c’est l’UE et ses restrictions aveugles qui ont précipité la Grèce dans une dépression dont on ne trouve plus d’équivalent qu’en celle des Etats-Unis dans les années 1930. Si bien que ce que, par paresse intellectuelle, on nomme « la dette grecque » n’est en fait pas la dette des Grecs : l’explosion des déficits et l’effondrement de la croissance à partir de 2010 sont moins le produit de l’incurie grecque que d’un assassinat de politique économique administré par l’Union en guise de « sauvetage ». De sorte que lorsque les Etats-membres prêtent pour tenir la Grèce à flot, c’est en bonne partie pour écoper le naufrage qu’ils ont eux-mêmes causé. On pourrait dire par court-circuit qu’au travers de la Grèce, l’UE prête pour l’UE ! Splendide opération qui aurait toute sa place dans un théâtre de l’absurde – si l’on excepte les investisseurs dont certains, en dépit de la restructuration, auront bien profité au passage.

 

En tout cas la redistribution de pouvoir d’achat en direction de ceux dont on est bien certain qu’ils le dépenseront intégralement est la plus rationnelle des politiques économiques – mais d’une rationalité qui a depuis belle lurette déserté les esprits européens. C’est en vue du financement intermédiaire d’un déficit temporaire qui avait de bonnes chances de s’auto-couvrir que le gouvernement grec s’était tourné vers la BCE. Nous connaissons maintenant la réponse et nous savons quel degré d’aide les institutions européennes sont disposées à apporter au peuple grec, dont le tableau des misères devrait leur faire honte : nul.

 

Syriza abandonnée de tous

 

Ce sont des salauds. Et ils sont partout. Reuters a rendu publique la teneur d’un rapport allemand préparé en vue de la réunion des ministres des finances du 5 février [3] : c’est non sur toute la ligne. Non et rien, les deux mots de la démocratie-européenne-selon-les-traités. Croit-on que l’Allemagne soit seule en cause dans cette ligne de fer ? Nullement – ils sont partout. Ni l’Espagne, ni l’Irlande, ni – honte suprême – la France « socialiste » ne viendront en aide à Syriza. Et pour une raison très simple : aucun d’entre eux n’a le moindre intérêt à ce qu’une expérience alternative puisse seulement se tenir : dame ! c’est qu’elle pourrait réussir ! Et de quoi alors auraient l’air tous ces messieurs d’avoir imposé en pure perte à leurs populations un traitement destructeur ? De ce qu’ils sont. Des imbéciles, en plus d’être des salauds.

 

On n’aimerait pas être à la place de Tsipras et de ses ministres : seuls et abandonnés de tous. Mais l’Union européenne se rend-elle bien compte de ce qu’elle est en train de faire ? Il y avait de sérieuses raisons de penser qu’une combinaison minimale de dureté en coulisse et d’amabilité en façade permettrait un faux compromis qui aurait vu de facto Syriza plier sur toute la ligne ou presque – à quelques concessions-babioles dûment montées en épingle. Entre le désir de rester dans l’eurozone, les effets inertiels du recentrage de campagne, le découplage des institutions politiques qui protège un moment les gouvernants, il était probable que Tsipras aurait choisi un mauvais compromis qui gagne du temps et, laisse l’espoir (qui fait vivre) d’une possible amélioration future.

 

Mais il y a des degrés dans l’offense auquel, sauf à abdiquer toute dignité, un chef d’Etat peut difficilement consentir. Et tout se passe comme si l’UE était en train de pousser elle-même la Grèce vers la sortie. En s’en lavant les mains naturellement. Mais en ne laissant guère plus d’autre choix au gouvernement grec – passer sous la table ou la renverser, on n’en sort pas... C’est-à-dire, quand les conditions minimales d’estime de soi ne sont plus réunies pour passer dessous, renverser – comme on sait, la position défendue ici de longue date tient que cette Europe n’est pas amendable et que « renverser » est la seule solution offerte à un affranchissement d’avec la camisole libérale.

 

Si jamais on en venait à ce point critique, les événements connaitraient un de ces emballements qui font l’histoire. Car tout devrait aller très vite : séparation immédiate de la Banque centrale grecque du Système européen des banques centrales (SEBC), répudiation complète de la dette, instauration d’un contrôle des capitaux, nationalisation-réquisition des banques. Dans une interview à laquelle on n’a probablement pas assez prêté attention, Yanis Varoufakis lâche une phrase qui vaut son pesant de signification : « nous sommes prêts à mener une vie austère, ce qui est différent de l’austérité » [4]. Et en effet c’est très différent, radicalement différent même. Entre la vie austère et l’austérité, il y a l’abîme qui sépare une forme de vie pleinement assumée et la soumission à une tyrannie technique. Car il est certain que la sortie de l’euro n’aurait rien d’un dîner de gala. Mais c’est faire de la politique, et au plus haut sens du terme, que de prendre à témoin le peuple et de lui mettre en mains les termes de son choix : nous pourrions bien, en effet, être plus pauvres un moment mais, d’abord, sous une tout autre répartition de l’effort, et surtout en donnant à cette « vie austère » la signification hautement politique d’une restauration de la souveraineté, peut-être même d’un profond changement de modèle socioéconomique.

 

De nouveau la politique

 

En tout cas pour la première fois depuis très longtemps, il y a à la tête d’un pays européen des gens qui savent ce que c’est vraiment que la politique – une histoire de force, de désirs et de passions –, soit l’exact contraire des comptables-eunuques qui gouvernent partout ailleurs, à l’image du têtard à binocles dont la couverture de L’Obs, qu’on créditerait ici volontiers d’un second degré inhabituellement fielleux, révèle qu’il est l’une des têtes pensantes de François Hollande.

 

[Incidemment, pour savoir à quoi ressemblent de vrais hommes politiques, c’est-à-dire des gens qui ont touché l’essence de la politique, une essence violente et forte, il faut regarder la tête des anciens directeurs du Shin Beth, le service secret israélien, interviewés dans le formidable documentaire Gate keepers, et qui, quoi qu’on pense par ailleurs de leur action [5], ont eu à agir en l’un des lieux de la planète où l’essence tragique du politique se donne à voir sous sa forme la plus haute. Et puis après admirer une photo de Michel Sapin. Ou le sourire d’Emmanuel Macron.]

 

Lire aussi Thierry Vincent, « Un espoir modéré, la crainte des coups tordus », Le Monde Diplomatique, février 2015.Il n’est pas inopportun de faire pareil rappel, car ce tragique-là plane aussi sur la Grèce, qui doit compter avec ses salauds de l’intérieur. Dans un article qui éclaire un aspect oublié de la situation grecque, Thierry Vincent [6] ne fait pas que remettre en mémoire le passé somme toute pas si lointain des colonels, mais la réalité très présente d’un appareil d’Etat gangrené pas seulement par la corruption ordinaire mais aussi par des forces sombres, substructure étatique constituée, comme toujours, autour des appareils de force, police, justice, armée, dont les connivences avec les néo-nazis d’Aube Dorée sont maintenant patentées, et où macèrent potentiellement les pires tendances factieuses. L’obsession économique finirait presque par faire oublier que le risque dominant auquel se trouve confrontée l’expérience Syriza est probablement politique, et tient moins à un rééchelonnement de dette mal fagoté qu’à ce que Thierry Vincent nomme les « coups tordus », et qu’il faudrait peut-être nommer « coup » sans autre qualificatif. Car voyons, dans les termes de notre alternative : passer sous la table, par quoi on entend ne rien obtenir de significatif, c’est épuiser l’idée même d’alternative progressiste en Grèce, et dégager la piste à la seule alternative restante – la pire. Mais renverser la table, c’est possiblement, par enchaînements successifs, entrer en confrontation directe avec le capital, et l’on sait de quelle manière les « démocraties » ont historiquement accoutumé de traiter ce genre de désaccord…

 

La preuve par Syriza ?

 

A la remorque de la psychorigidité allemande, l’Europe des ahuris, les Juncker, Moscovici, Sapin, etc., radicalement ignorants de ce qu’est vraiment la politique, jouent en toute inconscience avec le malheur des peuples, sans le moindre égard pour les forces obscures qui commencent à tournoyer au-dessus d’eux. Il faut dire qu’en matière d’ahuris, ils se sont trouvé de fameux intellectuels organiques, à l’image de Bernard Guetta, par exemple, qui entame sur le tard une improbable carrière de situationniste – mais à l’envers. Guy Debord tenait que, dans la société du spectacle, « le vrai est un moment du faux ». Chez Guetta, c’est le faux qui est un moment du vrai. Il suffit en effet de reprendre sa chronique « La preuve par Syriza » [7] et d’en inverser méthodiquement tous les termes pour avoir une représentation d’assez bonne qualité de l’état de l’UE et des gauches européennes – là où la lecture littérale livre une fantasmagorie sous produits à courir tout nu dans les prés. Car nous sommes le 27 janvier, et Guetta voit l’aube européenne se lever dans l’arrivée simultanée de Syriza et du Quantitative Easing

 

Or il faut avoir bonne vue, ou bien l’aide de quelques sérotoninergiques, pour voir « s’annoncer de nouvelles politiques économiques européennes » au motif que la BCE, au terme de luttes intestines longtemps indécises, cinq ans après toutes les grandes banques centrales du monde, et ayant dû attendre une situation de désinflation patentée pour être juridiquement fondée à agir, a enfin lancé son programme à elle de Quantitative Easing. Dont on sait déjà qu’il ne produira pas grand effet.

 

Et l’aide de substances plus brutales encore est requise pour nous appeler à réaliser que « non, l’unité européenne n’est pas en elle-même un projet libéral ». « Ce n’est qu’un début », s’exclame le défoncé, « mais que la séquence est belle ». Quand les infirmiers auront achevé de l’embarquer, on ne retiendra que le titre de l’article manifestement écrit dans des conditions à faire peur à un cycliste, mais qui dit contre toute attente une chose très vraie : le caractère probatoire de l’expérience Syriza. En effet, il va bien y avoir une « preuve par Syriza ». Mais la preuve de quoi ?

 

Notes

[1] Voir Sanjay Basu et David Stuckler, « Quand l’austérité tue », Le Monde Diplomatique, octobre 2014.

[2] Jean-Claude Juncker, entretien, Le Figaro, 29 janvier 2015.

[3] « ECB cancels soft treatment of Greek debt in warning to Athens », Reuters, 4 février 2015.

[4] « Nous sommes prêtes à mener une vie austère », Le Monde, 25 janvier 2015.

[5] En l’occurrence, tous ceux qui ont vu le documentaire savent que ces anciens responsables des services secrets livrent une mise en accusation accablante de la politique des gouvernements israéliens depuis des décennies.

[6] Thierry Vincent, « Un espoir modéré, la crainte des coups tordus », Le Monde Diplomatique, février 2015.

[7] Bernard Guetta, « La preuve par Syriza », Libération, 27 janvier 2015.

 

La pompe à phynance - Blog de Frédéric Lordon dans le Monde Diplomatique

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6 février 2015 5 06 /02 /février /2015 18:43

La BCE a mis Athènes sous pression en privant ses banques d’un important canal de financement. Le nouveau ministre grec des Finances rencontre aujourd’hui à Berlin son homologue allemand pour plaider une renégociation de la dette de la Grèce.

 

La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé mercredi soir qu’elle n’accepterait plus les obligations d’Etat grecques en garantie pour l’accès des banques à ses opérations de refinancement. Les banques grecques ne disposent donc plus que de la facilité de liquidité d’urgence (ELA) de la banque centrale nationale pour se fournir en liquidités.


Les banques grecques ont obtenu le feu vert pour accéder en cas de besoin à 10 milliards d’euros de financements d’urgence supplémentaires, a déclaré jeudi un responsable gouvernemental, ajoutant qu’Athènes n’entendait céder à aucun chantage.


Le responsable gouvernemental a estimé que la décision de la BCE visait à accroître la pression sur toutes les parties impliquées dans les discussions. "La Grèce n’a l’intention d’exercer aucun chantage sur qui que ce soit et elle ne cèdera à aucun chantage", a-t-il ajouté. "La décision de la BCE (...) est un acte de pression politique visant à ce qu’un accord soit conclu rapidement."

 

Yanis Varoufakis, ministre grec des Finances, est reçu ce jeudi en fin de matinée par son homologue allemand Wolfgang Schäuble, l’un des plus ardents défenseurs de la rigueur budgétaire en Europe. Le déplacement du ministre des Finances grec dans la capitale allemande, premier échange bilatéral direct entre Berlin et Athènes depuis l’arrivée au pouvoir du leader de la gauche radicale ant-austérité Alexis Tsipras, constitue la dernière étape d’une tournée par les nouveaux dirigeants grecs auprès de leurs partenaires européens.

 

Athènes cherche à renégocier sa dette de plus de 300 milliards d’euros et assouplir la cure de rigueur drastique qui lui été imposée par ses créanciers, notamment européens, en échange de l’aide internationale.

 

M. Varoufakis espère obtenir le soutien des Allemands, en dépit des relations jusqu’à présent glaciales du nouveau pouvoir grec avec Berlin qui s’est déclaré très hostile aux demandes d’Athènes. "Je pense que parmi tous les pays en Europe, les Allemands sont ceux qui comprennent le mieux cette information simple", a expliqué M. Varoufakis sur la chaîne publique ARD. "Quand on humilie trop longtemps une nation fière (...) sans lumière au bout du tunnel, cette nation a un moment donné est en ébullition", a-t-il ajouté dans une référence indirecte à la crise des années 30 qui avait porté Hitler au pouvoir en Allemagne.


Mais la BCE a porté un coup à la position grecque mercredi soir. L’institution monétaire de Francfort a annoncé qu’elle suspendait à compter du 11 février un régime de faveur accordé jusqu’ici aux banques grecques, qui leur permettait d’emprunter de l’argent auprès de la BCE avec des garanties inférieures à ce qu’elle exige habituellement.


L’annonce de la BCE a fait l’effet d’une bombe sur les marchés financiers. L’euro a fortement accusé le coup face au dollar, passant sous 1,14 dollar. Le taux d’emprunt de la Grèce est repassé jeudi au dessus de la barre des 10% à l’ouverture du marché obligataire en zone euro, et les Bourses européennes étaient en baisse alors que celle d’Athènes perdait plus de 5% en milieu de matinée.

 

Le ministère grec des Finances a cherché à atténuer l’impact de la décision de la BCE, en assurant qu’elle n’aurait "pas de répercussions négatives" sur le secteur financier du pays qui reste "totalement protégé" grâce aux autres canaux dont il dispose pour se procurer des liquidités. "La liquidité et le financement du système bancaire grec sont assurés et il n’y a donc pas de raison de s’inquiéter", a renchéri jeudi matin le porte-parole du gouvernement, Gabriel Sakellaridis, cité sur la télévision Mega.

 

Il a estimé que la décision de la BCE constituait "un moyen de pression politique au moment où une consultation à tous les niveaux se développe" autour de la question de la dette grecque. "Il faut qu’il y ait une volonté de discuter, de trouver un terrain d’entente pour conclure de nouveaux accords" entre la Grèce et ses partenaires, a plaidé le porte-parole, répétant qu’Athènes voulait un "accord transitoire" lui ouvrant une période durant laquelle pourraient se tenir de "réelles discussions" sur l’avenir de la dette.

 

L’institution monétaire européenne a envoyé ce coup de semonce à Athènes quelques heures après une visite de M. Varoufakis, venu en personne à Francfort demander au président de la BCE Mario Draghi de quoi "garder la tête hors de l’eau" le temps de s’entendre avec ses partenaires européens.


Mais M. Draghi, peu accommodant, lui a demandé de "négocier rapidement et de manière constructive" avec ses partenaires de l’Eurogroupe afin d’assurer "la stabilité financière" de la Grèce, selon une source à la BCE.

 

La disposition suspendue par la BCE permettait aux banques grecques d’emprunter des fonds pour financer des achats d’obligations grecques, et donc indirectement à l’Etat grec de lever de l’argent. Elle était conditionnée au programme d’aide dont bénéficie Athènes jusqu’à fin février.

 

Mais "il n’est pas possible à l’heure actuelle d’anticiper une issue positive" de ce programme d’aide, a expliqué la BCE dans son communiqué. En d’autres termes, elle réclame de la clarté sur le devenir du programme -les réformes lancées vont-elles êtres menées à bien ? Que se passera-t-il après fin février ?- avant de rouvrir ce robinet.


Le coup de semonce de la BCE survient alors que M. Tsipras s’est dit mercredi à Bruxelles "très optimiste" sur la possibilité de "trouver une solution viable pour notre avenir". Il a proposé un plan de réformes et de financement sur quatre ans (2015-2018), a indiqué une source gouvernementale à Athènes.

HUMANITE.FR
Fabrice SAVEL

Un organisme non élu contre le vote d’un peuple. La BCE fait le coup de force contre la Grèce
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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 06:48

Cette lettre vaut aussi pour les Français à qui ça n'a pas été dit non plus.

 

Alexis Tsipras, le nouveau premier ministre de la Grèce, a envoyé ce courrier au journal Allemand Handelsblatt:

 

« Chers lecteurs de Handelsblatt,

 

Je sais d’avance que la plupart d’entre vous ont probablement une opinion déjà formée sur le contenu de cette lettre. Je vous invite, cependant, à la lire sans préjugés. Les préjugés n’ont jamais été un bon conseiller, et encore moins à un moment où la crise économique les renforce, en entretenant l’intolérance, le nationalisme, l’obscurantisme, et même la violence.

 

Avec cette lettre ouverte, je souhaite vous exposer un récit différent de celui qui vous a été fait au sujet de la Grèce depuis 2010. Et je tiens aussi et surtout à exposer avec franchise les projets et les objectifs de SYRIZA, si le 26 Janvier par le choix des électeurs devient le nouveau gouvernement grec.

 

En 2010, l’État grec a cessé d’être en mesure de servir sa dette. Malheureusement, les dirigeants européens ont décidé de faire croire que ce problème pourrait être surmonté par l’octroi du plus grand prêt jamais consenti à un état, sous condition que certaines mesures budgétaires seraient appliquées, alors que celles ci, manifestement, ne pouvaient que diminuer le revenu national destiné au remboursement des nouveaux et anciens prêts. Un problème de faillite a été donc traité comme s’ il s’ agissait d’un problème de liquidité. En d’autres termes, l’attitude adoptée, était celle du mauvais banquier qui, au lieu d’admettre que le prêt accordé à la société en faillite a « sauté », il lui accorde des prêts supplémentaires, prétextant que les anciennes dettes restent servies et prolonge ainsi la faillite à perpétuité.

 

Il s’agissait pourtant d’ une question de bon sens de voir que l’application de la doctrine «extend and pretend» [étendre les maturités de la dette et prétendre que payer les intérêts ne pose aucun problème] dans le cas de mon pays aboutirait à une tragédie. Qu’au lieu de stabiliser la Grèce, l’application de ce dogme installerait une crise auto-alimentée qui sape les fondations de l’UE.

 

Notre parti, et moi-même, nous nous sommes opposés à l’accord de prêt de mai 2010, non pas parce que l’Allemagne et nos autres partenaires ne nous ont pas donné assez d’argent, mais parce que vous nous avez donné beaucoup plus d’argent que ce qu’il fallait et que nous pouvions accepter. De l’argent qui par ailleurs ne pouvait ni aider le peuple grec puisqu’il disparaissait aussitôt dans le trou noir du service de la dette ni arrêter l’alourdissement continu de celle-ci, obligeant de la sorte nos partenaires prolonger ce fardeau à perpétuité aux frais des citoyens.

 

Et cette vérité était bien connue par les gouvernants allemands, mais ils n’ont jamais voulu vous la dévoiler.

 

Et en effet, et avant même que la première année ne se soit écoulée et depuis 2011, nos prévisions ont été vérifiées. L’enchaînement des nouveaux prêts aux réductions drastiques des dépenses a non seulement échoué à dompter la dette, mais il a par surcroît puni les citoyens les plus faibles, en transformant les citoyens ordinaires qui avaient un emploi et un toit à des chômeurs sans-abri qui ont tout perdu, de plus, leur dignité.

 

L’effondrement des revenus a conduit à la faillite de milliers d’entreprises, augmentant ainsi le pouvoir oligopolistique des entreprises qui ont survécu. De ce fait, les prix diminuaient moins que les revenus tandis que les dettes, publiques et privées, ne cessaient de s’alourdir. Dans ce contexte, où le déficit d’espoir a dépassé tous les autres déficits «l’œuf du serpent » n’a pas mis longtemps pour éclore – et les néo-nazis ont commencé à patrouiller les quartiers en semant la haine.

 

Malgré son échec manifeste, la logique de «extend and pretend» continue à s’appliquer systématiquement encore aujourd’hui. Le deuxième accord de prêt de 2012, a ajouté une charge supplémentaire sur les épaules affaiblies de l’état grec, en réduisant les fonds de pension, en donnant un nouvel élan à la récession, en finançant aussi une nouvelle kleptocratie avec l’argent de nos partenaires.

 

Des commentateurs sérieux ont parlé récemment de stabilité et même de croissance à propos de mon pays pour « prouver » que les politiques appliquées ont été efficaces. Aucune analyse sérieuse ne soutient cette «réalité» virtuelle. L’ augmentation récente de 0,7% du revenu national réel ne marque pas la fin de la récession mais sa poursuite, puisqu’elle a été réalisée dans une période d’inflation de 1,8%, ce qui signifie que (en euros) le revenu national a continué de baisser. Simplement, il diminue moins que la moyenne des prix – tandis que les dettes augmentent.

 

Cet effort de mobilisation des «statistiques grecques», pour démontrer que l’application de la politique de la troïka est efficace en Grèce, est outrageant pour tous les européens qui ont enfin le droit de connaître la vérité.

 

Et la vérité est que la dette publique grecque ne peut pas être honorée tant que l’économie sociale grecque se trouve en situation de simulation de noyade budgétaire (fiscal waterboarding) .

 

En outre, persévérer dans ces politiques misanthropes et sans issue, dans le refus de reconnaître une simple question d’arithmétique, coûte au contribuable allemand et condamne en même temps un peuple fier à l’indignité. Et le pire: de cet fait, les Grecs se retournent contre les Allemands, les Allemands contre les Grecs, et l’idée d’une Europe Unie Démocratique est offensée cruellement.

 

L’Allemagne, et plus particulièrement le contribuable allemand qui travaille dur n’a rien à craindre d’un gouvernement SYRIZA. Au contraire. Notre objectif n’est pas d’entrer en conflit avec nos partenaires. Notre objectif n’est pas d’obtenir des prêts supplémentaires ou un blanc-seing pour de nouveaux déficits. Notre objectif est la stabilité économique, des budgets primaires équilibrés et, bien sûr, la cessation des saignées fiscales opérées sur les contribuables depuis quatre ans par un accord de prêt inadéquat aussi bien pour la Grèce que pour l’Allemagne. Nous exigerons la fin de l’application du dogme «extend and pretend» non pas contre le peuple allemand, mais pour le bénéfice de nous tous.

 

Je sais, chers lecteurs, que derrière les demandes d’une «stricte application des accords» se cache la peur que « si nous laissons les Grecs de faire ce qu’ils veulent, ils vont refaire le même coup». Je comprends cette inquiétude. Mais ce n’était pas SYRIZA qui a érigé en institutions dans mon pays la collusion des intérêts privés et la kleptocratie qui feignent de se soucier de l’observation «des accords» et des réformes puisque celles ci ne les affectent pas, comme le démontrent les quatre dernières années des réformes engagées par le gouvernement Samaras sous la direction de la troïka. Nous, nous sommes prêts à entrer en conflit avec ce système afin de promouvoir des réformes radicales au niveau du fonctionnement de l’état, en établissant la transparence de l’administration publique, la méritocratie, la justice fiscale, la lutte contre le blanchissement d’argent. Ce sont ces réformes que nous soumettons à l’appréciation des nos citoyens aux prochaines élections.

 

Notre objectif est la mise en place d’ un New Deal pour l’ensemble de la zone euro qui permettra aux grecs comme à l’ensemble des peuples européens de respirer, de créer, de vivre avec dignité. Avec une dette publique socialement viable. Avec une croissance qui est stimulée par des investissements publics financés – seul moyen de sortir de la crise – et non pas par la recette échouée de l’austérité qui ne fait que recycler la récession. En renforçant la cohésion sociale, la Solidarité et la Démocratie.

 

Le 25 Janvier en Grèce, une nouvelle opportunité surgit pour l’Europe. Ne ratons pas cette chance ».

 

(Traduction:Vassiliki Papadaki)

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3 février 2015 2 03 /02 /février /2015 08:47

Dans un pays qui n'a pas grand chose à voir avec le communisme, Manuel Valls a tenu des propos dignes d'un dirigeant libéral, et qui n'ont pas grand chose à voir avec ce qu'on est en droit d'attendre d'un socialiste.

 

Terminant le 31 janvier sa visite de trois jours en Chine, dans un discours prononcé à Shangaï, le premier ministre a fait des déclarations propres à rassurer les investisseurs chinois. Ses propos étaient dans la droite ligne du tournant libéral de ce gouvernement. On sait que Valls « aime l'entreprise », il l'a suffisamment déclaré au Medef, et là-bas, devant des chefs d'entreprises, il a répété que la France ouvrait grand les bras aux investisseurs chinois.

 

Dans son allocution, il a prononcé ces quelques mots en Chinois : « Bienvenue en France », puis il leur a dit « Nous investissons beaucoup en Chine, venez faire de même en France ».

 

Et au cas où ces dirigeants chinois exploiteurs seraient effrayés par le modèle social français, Manuel Valls a tout fait pour les rassurer en leur présentant notre système de la façon dont il rêve de le mettre en place. A vous de juger.

 

« La France dispose de multiples atouts.  Les entreprises chinoises sont les bienvenues en France. L'image selon laquelle nous ne réformons pas notre marché du travail, et qu'il est impossible de licencier en France est une image fausse. La France est compétitive, c'est l'OCDE qui le dit. La protection de l'emploi est plus élevée en Allemagne qu'en France. On parle aussi beaucoup des 35 heures mais ce n'est qu'une durée de référence. Et on travaille en moyenne davantage en France qu'en Allemagne. » 

 

Et il n'y a pas que les entreprises qu'il souhaite attirer, mais aussi les touristes, pourtant déjà nombreux, en leur promettant l'ouverture des magasins le dimanche.

 

« Comme vous le savez peut-être, pour répondre à ce flux de touristes, nous sommes en train de faire voter au Parlement l'assouplissement de la réglementation concernant le travail du dimanche, afin que les touristes, notamment chinois, puissent faire leurs achats également ce jour-là. Le samedi, [ils] iront à Versailles et au Louvre, et le dimanche, ils feront leurs courses non plus à Londres mais à Paris. »

 

Ah j'oubliais, Manuel Valls avait ajouté, « je crois que le message est clair ». En effet, tous les jours le Code du travail fait l'objet d'une véritable tentative de démantèlement de la part du Medef et de ses représentants qui le juge trop contraignant. Eh bien Manuel Valls le "socialiste" décomplexé valide ce démantèlement en Chine. Le message est clair en effet.

 

A bon entendeur ...

 

Capture écran

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31 janvier 2015 6 31 /01 /janvier /2015 19:05

 

Ce samedi après-midi à Madrid, à l'appel du parti de gauche radicale Podemos, des dizaines de milliers d'espagnols ont marché pour le changement, pour dire non à l'austérité. Un tweet de Podemos disait ceci : " Une image vaut plus que mille palabres. Merci à tous ceux qui ont rendu ceci possible ".

 

Ce message était accompagné des prises de vue suivantes.

 

Après le succès de Syriza il y a une semaine, les dirigeants européens feraient bien d'entendre ce nouveau message anti-austérité, à commencer par le président de la commission européenne J.C Juncker qui déclarait après le succès de Syriza « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »

 

Un spectre hante les classes dirigeantes européennes et le monde de la finance : c'est la démocratie, car ils voudraient que tout continue comme avant, mettre les peuples à genoux au mépris du suffrage universel.

 

Hors de question de se soumettre à la dictature de la finance. La voix des peuples est en train de monter.

 

 

 

Juncker, entends-tu la voix des peuples contre l'austérité ?
Juncker, entends-tu la voix des peuples contre l'austérité ?
Juncker, entends-tu la voix des peuples contre l'austérité ?
Juncker, entends-tu la voix des peuples contre l'austérité ?
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27 janvier 2015 2 27 /01 /janvier /2015 23:31

Mon billet d'hier portait sur les premières déclarations du PS suite aux élections législatives en Grèce. D'autres responsables du PS ont joué également les tartufes depuis.

 

C'est Claude Bartolone, le président de l'Assemblée Nationale qui déclare : « Si j'avais été grec, j'aurais voté Syriza ».

 

Bruno Le Roux, président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale y va aussi de son couplet  : « Nous partageons beaucoup de choses en commun [avec Syriza]. » Lui aussi évoque la volonté partagée « de réorienter la construction européenne, de sortir des politiques d’austérité ». Ah bon ? Mais que font alors les députés PS à soutenir une politique d'austérité ?

 

Et c'est aussi Julien Dray, qui pour être à l'heure, fustige les « politiques d’austérité qui ne donnent pas de résultats ». Et il ajoute, « une partie de la gauche de la gauche risque d’avoir des désillusions parce que le programme de Tsipras est plus un programme de social-démocratie que proche de Jean-Luc Mélenchon. »

 

Et pour emballer le tout Stéphane le Foll, porte-parole du gouvernement déclare sans détour : « Je sais une chose : il n’y aura pas d’alternative à gauche (en France), la gauche c’est celle qui gouverne aujourd’hui. »

 

Plus à gauche qu'eux, tu meurs.

 

On n'attend plus qu'un revirement du commissaire européen Moscovici, qui déclarait avant les élections « un tel travail a été fait par les autorités grecques, tant d’efforts, tant de choses accomplies que ce serait dommage de ne pas continuer ». Ces derniers jours, il avait déclaré « une dette n’est pas faite pour être effacée, elle existe, elle doit être remboursée ».

 

Leur allié en Grèce c'était le PASOK qui allié à la Nouvelle Démocratie a appliqué avec rigueur le programme d'austérité dicté par la Troika. Et c'est avec un projet de gouvernement contre cette politique là que Syriza l'a emporté ; leur projet est le contraire de ce que fait le PS en France.

 

Un exemple : Alors que chez nous le gouvernement est en train de privatiser l'aéroport de Toulouse, avec l'objectif de poursuivre avec Lyon et Nice, eh bien à peine nommé, le nouveau ministre grec de la marine marchande vient de déclarer « La privatisation du port du Pirée s'arrête dès maintenant ».

 

On juge aux actes, pas sur les paroles.

 

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26 janvier 2015 1 26 /01 /janvier /2015 12:14

Dans un communiqué de son secrétaire national à l’Europe Philip Cordery, le PS s’est félicité dimanche soir « de la victoire des forces de gauche en Grèce », « une bonne nouvelle pour le peuple grec ». « La ligne anti-austérité est aujourd’hui renforcée en Europe. Depuis 2012, François Hollande et les leaders sociaux-démocrates sont à l’œuvre pour réorienter l’Union européenne. Ils trouveront en Alexis Tsipras un nouvel allié ». « C’est unie que la gauche fera triompher l’Europe de la croissance, de l’emploi et de la solidarité ».


 

Et le premier secrétaire du PS y va aussi de son petit couplet : « La victoire d’un parti de gauche est toujours une bonne nouvelle pour le Parti socialiste », a réagi sur Twitter Jean-Christophe Cambadélis.


 

De quoi être plié de rire face à tant d'hypocrisie quand on sait que les dirigeants du PS préféraient Samaras, le 1er ministre de la coalition Nouvelle démocratie – PASOK (le PS grec), et participaient au concert de menaces, évoquant la sortie de la Grèce de la zone euro en cas de victoire de Syriza.


 

Improbable d'imaginer le PS qui se félicite de la victoire de la gauche radicale qu'il vilipende en France. Eh oui, le pendant de Syriza en France, c'est le Front de Gauche qui au niveau européen est regroupé au sein du Parti de la gauche européenne (European Left). Cette gauche européenne a pour président Pierre Laurent secrétaire national du PCF et quatre vice-présidents dont Alexis Tsipras, le leader de Syriza. Les parlementaires européens du PS siègent quant à eux aux côtés de ceux du PASOK grec qui vient de réaliser moins de 5% des voix et qui ont mené le peuple grec à une situation catastrophique.


 

Le PS a oublié qu'en mai 2012, Alexis Tsipras s’est rendu à Paris afin de rencontrer les principaux dirigeants politiques de la gauche française. Sachant que les français venaient d’élire un homme se réclamant du socialisme, A Tsipras eut l’impertinence de demander à être reçu par un de ses représentants. Et la réponse fut… NON ! Alexis Tsipras fut par contre fièrement accueilli par les représentants du Front de Gauche et il avait tenu en leur compagnie une conférence de presse à l’assemblée nationale, ainsi qu’un court meeting, sous la pluie.


 

Si le PS est fier du résultat de Syriza aujourd'hui, serait-ce qu'il a l'intention de dire non à l'austérité, non à la politique libérale que mettent chaque jour en oeuvre François Hollande et le gouvernement de Manuel Valls ?


 

Justement, le parlement va débattre de la Loi Macron qui libéralise davantage l'économie et le marché du travail, eh bien, en ne soutenant pas ce texte, ils ont une occasion de prouver que leurs félicitations sont sincères !

 

 

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20 janvier 2015 2 20 /01 /janvier /2015 08:34

Hier soir se tenait au gymnase Jappy à Paris un meeting pour soutenir le droit du peuple grec à prendre en main son destin. On ne peut se résigner à la perspective d'une austérité perpétuelle. " L'arrivée au gouvernement d'une force de rupture avec l'austérité en Grèce peut ouvrir la voie à un bouleversement politique à l'échelle européenne ", c'est l'appel cosigné par les partis composant le Front de Gauche (PCF, PG, Ensemble) Nouvelle Donne, EELV et des organisations syndicales de la CGT et de SUD, ainsi que des associations comme ATTAC et la Fondation Copernic. C'est dans ce même élan de solidarité que s'inscrit le journal l'Humanité.

 

Le meeting de soutien à Syriza au gymnase Jappy

Le meeting de soutien à Syriza au gymnase Jappy

Ce qu'en dit Thomas Piketty dans l'Humanité du 19 janvier :

 

« Pour une refondation démocratique de l’Europe »

 

Alors même que l’économie est repartie partout ailleurs, aux États-Unis comme dans les pays de l’Union européenne restés en dehors de la zone euro, le nouveau traité budgétaire adopté en 2012 sous la pression de l’Allemagne et la France, qui organise l’austérité en Europe (avec une réduction excessivement rapide des déficits et un système de sanctions automatiques totalement inopérant), a conduit à une récession généralisée en zone euro. En vérité, une monnaie unique ne peut fonctionner avec 18 dettes publiques et 18 taux d’intérêt sur lesquels les marchés financiers peuvent librement spéculer. Il faudrait investir massivement dans la formation, l’innovation et les technologies vertes. On fait tout le contraire.

 

Le plus triste, dans la crise européenne, est l’entêtement des dirigeants en place à présenter leur politique comme la seule possible, et la crainte que leur inspire toute secousse politique susceptible d’altérer cet heureux équilibre. Face à cet entêtement, on peut se poser la question de savoir quels chocs pourraient permettre de faire bouger les lignes ? Il y a, en gros, trois possibilités : une nouvelle crise financière ; un choc politique venant de la gauche ; ou bien un choc politique venant de la droite. Les dirigeants européens actuels devraient avoir l’intelligence de reconnaître que la deuxième possibilité est de loin la meilleure : les mouvements politiques qui prospèrent aujourd’hui à la gauche de la gauche, comme Podemos en Espagne ou Syriza en Grèce, sont fondamentalement internationalistes et pro-européens. Plutôt que de les rejeter, il faudrait au contraire travailler avec eux pour formuler les contours d’une refondation démocratique de l’Union européenne. Faute de quoi, on risque fort de se retrouver avec un choc autrement plus inquiétant, venu de la droite : compte tenu du mode de scrutin, il est tout à fait possible que le FN emporte des régions lors des régionales de décembre 2015.

 

On peut aussi, car c’est encore l’heure des vœux, espérer l’impossible. Au point où il en est, François Hollande serait bien inspiré de reconnaître ses erreurs de 2012, et de tendre la main à l’Europe du Sud, afin de formuler enfin des propositions audacieuses pour notre continent.

 

Aujourd’hui, il ne suffit plus de s’excuser : il est temps de reconnaître que ce sont les institutions européennes elles-mêmes qui sont en cause, et que seule une refondation démocratique de l’Europe permettrait de mener des politiques de progrès social. Concrètement, si l’on veut vraiment éviter que de nouveaux scandales LuxLeaks ne se reproduisent, il faut sortir de la règle de l’unanimité en matière fiscale, et prendre toutes les décisions concernant l’imposition des grandes sociétés (et idéalement des plus hauts revenus et des plus grandes fortunes) suivant la règle de la majorité. Et si le Luxembourg et d’autres pays le refusent, cela ne doit pas empêcher les pays qui le souhaitent de constituer un noyau dur avançant dans cette voie, et de prendre les sanctions qui s’imposent contre ceux qui continuent de vouloir vivre de l’opacité financière.

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