Dernièrement, plusieurs syndicats, sauf la CGT, ont cédé au chantage de la direction chez Renault et signé un accord sur la « compétitivité ». Le marché proposé par la direction était le suivant : si les syndicats signent un accord pour réduire les coûts de production, le constructeur «pourrait s’engager à ne pas fermer d’usine en France». Réduire les coûts de production, c'est ni plus ni moins qu'accepter la mise en place de l'ANI (augmentation du temps de travail sans augmentation des salaires, flexibilité). Mais rien ne dit qu'il n'y aura pas un jour de fermeture d'usine, le constructeur a bien dit qu'il « pourrait s'engager ». Dans le système capitaliste, le coût de la main d’œuvre est toujours trop cher, pas le coût des actionnaires.
La preuve, c'est que délocalisations ont déjà eu lieu dans le groupe Renault, vers l'Espagne, la Roumanie etc. Eh bien, en Roumanie où la main d'oeuvre est moins chère, elle l'est encore trop. Avec sa marque Dacia, Renault produit ses autos pour l’Europe en Roumanie. Mais puisque Dacia connaît le succès, il semble normal que les ouvriers demandent leur part du gâteau et voient leur salaire augmenter un peu plus. C’est pour cette raison que ces derniers se sont mis en grève le mois dernier, pendant une journée et demie. Chez Renault et Dacia, on est forcément contre cette demande, et les ouvriers sont actuellement en négociation avec la direction locale de Dacia et menacent de se mettre en grève à nouveau. Les dirigeants de Dacia annoncent que si une nouvelle grève est conduite, l’activité de l’usine pourrait être délocalisée au Maroc. Un ouvrier Renault à Tanger gagne 54% de moins que son homologue chez Dacia. La main d’œuvre bon marché des pays de l’Est commence à évoluer, les ouvriers deviennent plus gourmands ! Ce n'est pas acceptable pour les capitalistes.
Leur règle de compétitivité, c'est toujours plus de profit pour les actionnaires et des conditions sociales toujours plus draconiennes pour les salariés. Ils ne seront satisfaits que le jour où ils auront une main d'oeuvre gratuite à disposition. Le retour à l'esclavage en somme.