C'est à cet endroit, un mur du cimetière du Père Lachaise, que se sont achevés dans le sang les derniers combats de la Semaine sanglante qui écrasa la Commune. C'était le 27 mai 1871, 147 fédérés furent fusillés contre le mur; comme tant d’autres ils avaient donné leur vie pour la Commune de Paris. Des milliers furent comme eux exécutés sommairement, désarmés…
Ces morts du Père Lachaise furent jetés dans une fosse commune, au pied du mur, avec tant d’autres qui y furent amenés ce jour là. Les corps furent hâtivement enfouis, entassés, couverts à la hâte de chaux vive puis recouverts de terre… Pendant 10 ans c’est le silence, la chape de plomb de l’Ordre moral, le silence gêné des républicains opportunistes.
Les Communards qui n’ont pas été exécutés ont été envoyé au bagne, en Nouvelle Calédonie (comme Louise Michel) dont c'est l'anniversaire de naissance en ce 29 mai. Elle était née en 1830.
La fosse au pied du mur fut laissée abandonnée, sans rien qui ne la signalait. Dans le secret, les amis de la Commune célèbrent plutôt les débuts victorieux, le 18 mars. Mais avec l’installation de la République, au début des années 1880, les communards sont amnistiés et on reparle de la Commune. La presse militante propose un rendez vous à la fosse commune, pour donner aux morts l’enterrement dont ils avaient été privés. Le premier rassemblement a lieu au mur le 23 mai 1880, car les autorités interdisent une manifestation place de la Bastille. Un rituel vient de naître. C’est surtout un poème d'Eugène Pottier, l’auteur de l’Internationale qui met en avant le Mur dans son poème Le monument des Fédérés (mai 1883).
Ici fut l'abattoir, le charnier ! [...]
Qu'il ressuscite la Commune,
Le monument des Fédérés ! [...]
Qu'il soit notre réquisitoire,
Le monument des Fédérés ! [...]
Qu'il soit l'appel à la revanche,
Le monument des Fédérés !
Voilà que désormais on monte au Mur, drapeau rouge au vent, églantine rouge à la boutonnière ! Le mur est aussi préféré à la Fosse commune de par sa verticalité qui fait des perdants des vaincus héroïques, morts debout. Au début les autorités l’interdisent. Il y a des heurts, des blessés. Puis choisissent d’autoriser. Mais les règlements administratifs menacent la fosse commune. Les anciens s’organisent, obtiennent une concession à perpétuité. Le sol de la tombe est nivelé, gazonné. On pose des crochets pour accrocher les couronnes de fleurs ou de cerises en hommage à J-B Clément, auteur du TEMPS DES CERISES, mais aussi héros de la commune de PARIS.
En 1908 a lieu l'inauguration de la première plaque fort consensuelle : « Aux morts de la Commune, 21-28 mai 1871 ». Pas aux vaincus, pas aux martyrs, pas aux héros, mais aux simples morts.