La direction du groupe Unilever, avec à sa tête Bruno Witvoet, vient de recevoir le trophée Euro Stoxx 50 de la gouvernance responsable, des mains de Nathalie Kosciusko-Morizet,
ministre de l’Ecologie et du Développement durable. Le Jury présidé par Daniel Lebègue, président de l’institut français des administrateurs, a estimé que le big boss d'Unilever « avait le
mieux intégré la responsabilité sociale de l’entreprise dans sa gouvernance ». Les 182 salariés de Fralib-Gémenos (13), sous la menace de licenciements et de la fermeture de leur usine, dont
la production serait délocalisée en Pologne apprécieront. Ce sera d’autant plus amère, qu'ils ont subi les violences des milices patronales envoyées par cette direction aujourd’hui récompensée.
Le système capitaliste, au nom de la bonne gouvernance sociale, récompense l’utilisation de mercenaires contre les salariés qui luttent pour leur emploi, le maintien de l’activité de production
de thé et d’infusions à Gémenos, pour l’avenir de leurs enfants. Le terme « gouvernance », imposé dans le langage courant par la pensée dominante, masque la brutalité et la violence
qu’infligent les directions d’entreprise aux salariés. Que ne voudrait-on pas faire avaler comme couleuvre aux salariés, simplement en employant des termes plus « soft » ? Ce n’est
pas parce que les termes évoluent que les pratiques se transforment.
Quant au trophée attribué à Unilever, ce serait risible si des milliers de salariés n’avaient déjà fait les frais de cette fameuse « gouvernance responsable » du deuxième groupe mondial agroalimentaire et de biens de grande consommation. En France, entre 2002 et 2010, les effectifs du groupe ont diminué de plus de 2 000 salariés. De nombreux sites ont connu restructurations, licenciements et fermetures (Miko, le siège social, Amora-Maille, Dove, Timotéi, Signal…).
Ce trophée, qui, il faut le rappeler, a été créé par Nicole Notat, ex-dirigeante de la CFDT, est attribué quelques jours après un arrêt rendu par la Cour d’appel d’Aix en Provence qui a déclaré que le plan de sauvegarde est sans valeur et a annulé les licenciements prononcés dans le cadre du projet de fermeture du site.
Le ridicule ne tue pas, dommage.