À l’image du ministre de l’Intérieur, la nouvelle rectrice de l'académie d'Orléans-Tours met en cause les enfants d’immigrés.
Claude Guéant, sors de ce corps ! Un mois après les propos nauséabonds et erronés du ministre de l’Intérieur sur « les deux tiers des échecs scolaires, c’est l’échec d’enfants d’immigrés », la nouvelle rectrice de l’académie Orléans-Tours a inauguré sa fonction avec une sortie du même acabit, provoquant un tollé.
Dans un entretien accordé vendredi à la Nouvelle République, Marie Reynier commente les résultats scolaires médiocres de son académie. Le journaliste l’interroge : « Le problème n’est-il pas le niveau de fin de primaire ou encore les classes surchargés ? » Réponse de la rectrice : « Si on enlève des statistiques les enfants issus de l’immigration, nos résultats ne sont pas si mauvais ni si différents de ceux des pays européens. Nous avons beaucoup d’enfants de l’immigration et devons reconnaître notre difficulté à les intégrer. Commençons par combattre l’illettrisme de leurs parents. »
Il faudrait surtout commencer par combattre « l’illettrisme » de ce haut fonctionnaire qui fait porter le chapeau de l’échec scolaire aux enfants « issus » de l’immigration. Un poncif xénophobe et inexact. Selon les statistiques officielles, les enfants de famille immigrée (en clair, deux parents non français) sortent effectivement presque deux fois plus souvent du système éducatif sans qualification (11 % contre 6 % pour les non-immigrés). Mais l’origine géographique ou ethnique n’a rien à voir là-dedans. Pour preuve : à caractéristiques sociales comparables, les enfants d’immigrés obtiennent d’aussi bons résultats et même de meilleurs. Chez les ouvriers et employés, 46 % ont le bac contre 40 % pour les Français d’origine. Ce chiffre monte à 88 % chez les enfants d’immigrés cadres. Statistiquement, le facteur qui fait varier l’échec scolaire est donc l’inégalité sociale. Et non pas l’origine des parents. Une subtilité qui a – faussement – échappé à notre rectrice.
Cet entretien a aussitôt suscité une avalanche de réactions. « Les communistes mettront toute leur énergie à combattre cette idéologie xénophobe qu’exprime maintenant au grand jour le gouvernement Sarkozy », a déclaré le PCF. De son côté, le SNUipp-FSU, principal syndicat du primaire, a dénoncé un « cliché haineux qui trace un peu plus profondément le sillon du Front national » et une démarche « qui vise à masquer la réalité de la politique de fermetures de classes, de suppression des aides aux élèves en difficulté (...) ». Le reste de l’interview ne dément pas les sympathies de Marie Reynier pour l’actuel gouvernement : « Je trouve que, globalement, l’éducation nationale est trop maternante et pas assez paternelle pour donner quelques coups de pied au derrière ! » Hier, sentant le vent du boulet, la rectrice s’est fendue d’un communiqué parlant de « désinformation partiale et partisane ». On n’aurait su mieux dire à son propos...