A Niort, chaque dernier mercredi du mois, sur l’esplanade de la Brèche, des citoyens se rassemblent en cercle pour protester en silence contre l’enfermement systématique des sans papiers dans les Centres de Rétention Administrative (CRA), contre la politique du chiffre en matière d'expulsion, contre les complications administratives qui obligent des familles entières à vivre dans la peur, la précarité et la clandestinité.
A Paris, chaque dernier mercredi du mois, sur la place de la Concorde, le « gratin » politico-médiatico-industriel se retrouve dans les locaux de l’hôtel Crillon pour le dîner du Siècle. "Le Siècle" est un "club de réflexion" (ou "think tank") qui réunit des membres puissants et influents de la classe dirigeante française. Il paraît que c'est l'occasion pour des politiques et des journalistes influents de discuter librement, en toute confidentialité. Car l'une des principales règles du Siècle est la discrétion.
Rien à voir entre ces deux « manifestations » du dernier mercredi du mois. Si la première est de la plus grande transparence et se déroule de façon similaire dans une centaine de villes de France dans un but humanitaire, la seconde est un rendez-vous mondain d’ordinaire discret, voire secret, et les discussions qui y sont tenues ne doivent pas filtrer.
Grâce à Pierre Carles, le réalisateur de « Fin de concession », un comité d’accueil organisé en octobre a permis de faire un peu de bruit lors de l’arrivée des convives à ce dîner (voir vidéo). Et en novembre, 250 personnes se sont rassemblées pacifiquement pour un « pique-nique festif et citoyen contre ce dîner des cons » sur une portion de la place de la Concorde. Les policiers (eh oui, les participants au dîner du Siècle ont droit à une garde rapprochée aux frais du contribuable !!! ) ont procédé à l’encerclement des manifestants qui scandaient des slogans et ont procédé à plus d’une trentaine d’interpellations dont le réalisateur Pierre Carles. On voit au service de qui est la police.
Quant aux membres de ce club fermé du Siècle, c’est édifiant. Je vous invite à regarder quelques noms des adhérents de ce club très particulier. Et parmi eux, un certain nombre de personnes qui se disent de gauche. C’est pour nous faire rire ? A priori, elles se sentent plus à l’aise dans ce panier de crabes (je ne sais pas si c’est au menu) qu’à envisager la révolution.
Bon appétit messieurs-dames.