Début novembre, j'avais relaté les conditions de l'extradition de la militante basque française Aurore Martin. On ne peut que se réjouir de la décision de la justice espagnole de la remettre en liberté, même si c'est sous caution. Elle est sortie samedi de la prison de Soto del Real, près de Madrid et a regagné la France.
Mais dans le même temps, dans un pays en révolte sociale, un jeune Espagnol est en prison, sous régime spécial, « pour l’exemple ». Il s’appelle Alfonso Fernandez Ortega. Et est surnommé affectueusement Alfon. Ce jeune Espagnol de vingt et un ans vit à Vallecas, berceau ouvrier et bastion de luttes dans le sud de Madrid. Depuis le 14 novembre, jour de la grève générale, il est en prison préventive, confiné à l’isolement. Ce jour-là, Alfon sort de chez lui, en compagnie de sa fiancée, pour se rendre sur son piquet de grève. À cent mètres de son domicile, la police l’arrête et il est « interrogé » deux heures durant par des agents aux visages cachés qui le menacent de « choses horribles contre (sa) famille » Le domicile de sa mère, militante de gauche du quartier, est passé au crible. Alfon est considéré comme un homme « dangereux », ravalé au rang de terroriste ou de narcotrafiquant. Le ministère de l’Intérieur (rien que ça) rétorque : Alfon est lié à des groupes de jeunes antifascistes, et notamment aux Bukaneros qui soutiennent le club de football populaire du Rayo Vallecano et dont le siège fera également l’objet d’une fouille en règle. Alfon vit depuis un cauchemar et est menacé d’être transféré à des milliers de kilomètres de sa famille. « C’est la criminalisation de la pression sociale et populaire, et particulièrement à l’encontre des jeunes des quartiers qui se battent, assure sa mère.
Cela se passe en Espagne, non pas durant les heures ténébreuses de la dictature, mais aujourd’hui, dans un État dit de droit et démocratique. Vraiment démocratique ?