En se faisant introniser le 20 décembre chanoine honoraire de l'église romaine de Saint-Jean de Latran, Nicolas Sarkozy a pris ses distances avec la conception de la "laïcité à la française", incarnée par la loi de 1905 sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat.
Insistant sur les "racines chrétiennes de la France", il a parlé « de la morale laïque qui risque de se changer en fanatisme ». Il est allé jusqu'à juger de l'intérêt de la République d'avoir « beaucoup d'hommes et de femmes qui croient » et que « dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance ".
Sarko envisage-t-il de faire appel à l’intervention des religieux dans les écoles ou universités, ce serait une rupture profonde avec les principes fondamentaux de la laïcité républicaine.
Nicolas Sarkozy a récidivé lors de son séjour en Arabie saoudite, cette fois devant les 150 membres du Conseil consultatif du très rigoriste royaume saoudien. Le discours du chef de l'Etat a même pris des accents de sermon lorsqu'il a évoqué « Dieu transcendant qui est dans la pensée et le coeur de chaque homme », « Dieu qui n'asservit pas l'homme mais qui le libère » ou «Dieu qui est le rempart contre l'orgueil démesuré et la folie des hommes ».
Quant on sait la condition des femmes et la liberté d’expression dans ces émirats …
En 1958, De Gaulle disait aux évêques, « vous dites que la France est catholique, mais la République est laïque ». Le principe de laïcité est inscrit dans l’article premier de la Constitution.
Nicolas Sarkozy ferait bien d’en tenir compte. C’est d’un président dont la République a besoin, et non pas d’un chanoine.