A en croire François de Closets, « les français pleurent la bouche pleine ». C'est ce que titrait le quotidien local « La Nouvelle République » en rubrique locale économie, relatant la conférence donnée (à quel prix ?) par le journaliste-écrivain-essayiste à l'occasion des vœux des Chambres consulaires des Deux-Sèvres.
Le thème de sa conférence était, France le retour à la réalité en 2014, "Maintenant ou Jamais", titre de son dernier ouvrage. Selon lui « La France était en déclin depuis vingt ans, elle se trouve maintenant en phase de décrochage. Menacée d’être un pays en voie de sous-développement. Comme l’Italie ou l’Espagne, elle va connaître le choc de l’austérité. Une épreuve qui n’est imposée ni par la politique gouvernementale, ni par l’Europe, ni par l’Allemagne, mais par la réalité ». Ah bon ? Rien d'imposé par le gouvernement, par la troïka (Fonds Monétaire International, Banque centrale européenne et Commission européenne) ? La suite du constat est qu'il y a 35 ans, les prix étaient encadrés par l'État, les salaires indexés sur l'inflation et tout licenciement était soumis à autorisation administrative. Autant de « verrous » qui ne sont plus là. Mais ce n'est pas assez à ses yeux, nous aurions une institution judiciaire trop « antipatronale ». Vraiment ? Nous serions dans une situation difficile, une situation de guerre, qui n’a aucune raison d’être. Pour lui, la France a tous les atouts de la prospérité en main et la solution passe par une réduction des dépenses publiques de 1% par an pour revenir à l’équilibre.
Toujours ce même discours pervers. Le monde politique libéral et social-libéral, économique et médiatique est quasi unanime pour souligner que le coût du travail serait trop élevé en France et qu’il nuirait à la compétitivité des entreprises nationales. Par contre, on ne l'entend jamais parler du coût du capital, véritable obstacle au développement économique du pays. Pour la majorité de ces "experts", le principal obstacle au développement de la nation serait le coût du travail, c’est-à-dire les salaires et les cotisations sociales trop élevés. Cette réalité empêcherait les entreprises nationales d’être compétitives dans un marché mondialisé où la concurrence est de plus en plus féroce, et serait l’une des causes du déclin du pays.
Pourtant, le problème de la France n’est pas le coût du travail mais le coût du capital, c’est-à-dire la part des bénéfices versée aux actionnaires, qui a augmenté bien plus vite que les salaires et qui a atteint des sommets inégalés depuis trente ans. Selon l’INSEE, de 1980 à 2010, la part de dividendes est passée de 3% de la richesse nationale à 9%, ce qui représente une hausse de 180 milliards d’euros par an pendant trois décennies. En 30 ans, les dividendes payés aux actionnaires ont augmenté de 200%. Sur la même période, en euros constants, les salaires n’ont progressé que de 20%.
De Closets se pose en défenseur de sa classe sociale. Et ce sont bien les actionnaires qui ont la bouche pleine et qui en réclament encore et non pas les salariés ou les 8 millions de français qui vivent en dessous du seuil de pauvreté
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